En collaboration avec l'APC d'Alger-Centre, l'association A nous les écrans a projeté, jeudi dernier, à la salle de cinéma Athakafa (ex- ABC), un documentaire inédit retraçant les péripéties du film La Bataille d'Alger. Ce film qui a fait scandale lors de sa sortie, fait toujours l'actualité, et y revenir n'est guère une pure perte, s'efforçait de dire Salim Aggar qui a pris l'initiative de ce making-off. Des témoignages entrecoupés d'images tirées du film, font revivre un contexte dont on ne soupçonne pas l'existence. dans le documentaire réalisé par Jonas Rosales en 2004 ; le réalisateur italien, Gillo Pontecorvo, revient sur la Bataille d'Alger et les anecdotes qui ont émaillé la production. Le souci du réalisateur et de son équipe, assure-t-il, était unique : la vérité. « La guerre fut atroce et les souffrances terribles dans les deux camps. Cela n'enlève pas pour autant à la justesse d'une cause, celle des Algériens », relèvera en substance le réalisateur italien qui parlera de son travail et de celui de son collègue scénariste, Franco Solinas, qui ont été très tôt intéressés par les « événements d'Algérie ». De son soutien sans équivoque à une cause et des péripéties qui l'ont mené sur les pas des militants du FLN de la zone autonome d'Alger (ZAA), rien ne fut oublié. Sa rencontre avec Yacef Saâdi, l'un des militants de l'Algérois, a été pour lui décisive. Abandonnant le projet de son premier scénario, le Para, Pontecorvo s'appuiera sur les écrits et les témoignages de Yacef qu'il convaincra de jouer dans le film. Yacef parlera de ses rapports avec l'équipe mais surtout avec la population d'où il est issu et qu'il saura « guider » tout le long du film. L'acteur Paul Newman aurait pu jouer le rôle de Ali La Pointe mais le niet de Yacef fut catégorique : pas de célébrités. Celui qui a campé le personnage de Ali La Pointe a été au final choisi au hasard des rencontres. Brahim Haggiag était un simple berger de Larbaâ, qui s'est tellement investi dans le rôle jusqu'à se confondre avec le personnage, l'enfant d'El Khemis, insiste l'un des responsable militaires de la ZAA. La Bataille d'Alger a suscité beaucoup de réactions soit d'adhésion ou de rejet, et le pouvoir putschiste de l'époque saura s'en « servir ». Selon Yacef, le premier coup de manivelle a coïncidé avec le coup d'Etat de juin 1965. Les « redresseurs » avaient « convaincu » le peuple d'Alger, que les chars stationnés dans les artères de la ville, n'étaient là que pour les besoins du film. L'avant-première s'est déroulée à la salle l'Afrique, en présence du chef de l'Etat, Houari Boumediène, à qui la séquence de l'enfant qui mangeait sa glace avant l'attentat à la bombe, n'a pas plu. Le film connaîtra un autre sort en France. Interdit une première fois, il fut projeté en 1970, mais vite retiré des salles de cinéma sous la pression des manifestations des nostalgiques de l'Algérie française. Celui qui a joué le rôle du colonel Mathieu, le Belge Jean Martin, fut un militant anticolonialiste convaincu, puisqu'il signera le manifeste des 121 en septembre 1960. Bravant les censeurs, qui furent nombreux en France durant des années, l'acteur assurera qu'avec le recul, le film a gagné en épaisseur. Benjamin Stora, troisième personnage à apparaître dans ce documentaire, dira ses « vérités » sur cette bataille et ses enjeux cachés. Salim Aggar, remarquant l'excitation du public par rapport aux témoignages, assure que la fiction a un autre rôle, que celui de prononcer des sentences et la vérité historique, s'il elle existe, est un travail acharné dévolu aux chercheurs.