A l'issue de l'adoption par les membres du parlement de la loi portant révision de la constitution, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a loué les mérites des amendements apportés à la constitution et plaidé la cause du président de la République. Se prêtant au jeu de questions-réponses, le chef du gouvernement a confirmé le fait qu'il présentera sa démission au chef de l'Etat dès la publication de la nouvelle Constitution dans le journal officiel. « Naturellement, le poste de chef du gouvernement cessera d'exister après la promulgation des amendements de la Constitution et ma démission interviendra comme un acte constitutionnel », a-t-il expliqué. M. Ouyahia a esquivé de nombreuses questions des journalistes se rapportant à son avenir immédiat ou à la configuration que pourrait prendre le nouveau gouvernement. « Conformément aux dispositions de la constitution, seul le premier magistrat du pays est habilité à procéder à cette nomination. Je ne peux pas répondre à cette question et je refuse de m'impliquer dans des spéculations relatives à la formation du gouvernement », s'est-il exclamé. Abordant l'amendement qui a soulevé un tollé, celui qui propose la révision de l'article 74 de la constitution, qui limite le nombre de mandats présidentiels, Ahmed Ouyahia a dit ne pas comprendre pourquoi l'on accepte qu'un député, un président d'APC ou de parti politique puisse briguer plusieurs mandats et que l'on ne soit pas d'accord qu'un chef d'Etat se présente plusieurs fois à une élection présidentielle. Cette situation, de son avis, est anormale. Pour lui, la constitution n'a jamais consacré cet article comme sacré. « Cet article est révisable, d'autant plus que le dernier mot revient toujours au peuple qui choisit son dirigeant. L'ouverture des mandats pour le chef de l'Etat ne porte pas en soi une contradiction avec les mécanismes et procédures du déroulement des élections de façon saine et transparente », a-t-il déclaré avant de se dire persuadé que tous les partis existant sur la scène politique aspirent à accéder au pouvoir. S'agissant des raisons ayant amené le président de la République à amender la Constitution, le chef du gouvernement a précisé : « Le pays a gagné en stabilité et l'Algérie vit aujourd'hui dans de meilleures conditions par rapport aux années précédentes, notamment sur le plan sécuritaire. Cette constitution délimite les contours mais il n'y a aucune disposition qui interdise à quiconque d'exprimer son point de vue. » Le chef du gouvernement a, par ailleurs, salué la Constitution de 1996 qui a été revue dans une conjoncture particulière. Une constitution qui, selon lui, a permis d'organiser plusieurs élections, de sacraliser la protection de la république algérienne et d'assurer sa continuité. Cette révision permet, a-t-il expliqué, au peuple d'avoir le droit d'exprimer sa volonté de poursuivre le processus de redressement national, initié par le chef de l'Etat. Concernant les voix qui se sont élevées pour affirmer que la révision constitutionnelle est un viol de la démocratie, M. Ouyahia a rappelé à ces mêmes personnes qu'elles avaient déjà qualifié la constitution de 1996 de catastrophique et dictatoriale. « Où étaient ces personnes pendant que d'autres, même n'appartenant pas à des partis politiques, défendaient, en 1991, l'Algérie et la démocratie ? », a-t-il ajouté. A une question sur la légitimité du Parlement, M. Ouyahia a répondu que les élections législatives de mai 2007 avaient vu la participation de 39 partis politiques et de plusieurs listes d'indépendants. Il a indiqué que la loi portant révision de la Constitution n'a pas été adoptée uniquement par certains partis politiques, mais également par des partis islamistes et des indépendants. « Le recours au Parlement est une procédure juridique garantie par la Constitution. Le pouvoir exécutif a besoin d'une majorité à l'APN pour qu'il n'y ait pas de crise », a-t-il conclu.