Photo : Riad Par Hasna Yacoub Le chef du gouvernement va présenter sa démission dès la promulgation de la loi portant révision limitée et partielle de la Constitution qui a été adoptée hier à la majorité par le Parlement. Dans une conférence de presse, animée à la fin de l'adoption de la révision de la Constitution au palais des Nations, Ahmed Ouyahia a confirmé l'information de remise de sa démission «selon l'ordre des choses», du moment que sa fonction n'est plus consacrée par la Constitution. «C'est un acte constitutionnel tout à fait normal qui interviendra sans aucun doute après la promulgation de la loi», dira Ahmed Ouyahia tout en refusant de «spéculer» sur l'avenir. Le chef du gouvernement dira même ne pas pouvoir répondre sur son propre avis dans le cas où le Président lui proposerait d'être nommé à la fonction de Premier ministre. Selon Ouyahia, il n'est également pas encore temps de parler d'une nouvelle composante du gouvernement et encore moins de la reconduction de l'ancienne. En réponse à ceux qui ont affirmé que la révision de la Constitution n'a d'autre objectif que d'offrir au président Bouteflika un troisième mandat, le chef du gouvernement a tenu à rappeler que, sur le plan légal, «le peuple a décidé lors de l'adoption de la Constitution de 1996, notamment dans l'article 178, de l'irréversibilité de six points. L'article 74 n'est pas concerné par cette irréversibilité, donc sa révision est légale. Le peuple est souverain». Plus clair encore, Ahmed Ouyahia dira : «En ce qui concerne la scène politique, chacun est libre d'avoir son avis que je respecte. Mais il faut dire que les présidents de parti politique, d'APC ou d'organisation n'ont aucune limitation de mandats et personne ne trouve à redire à ce sujet.» A la question de savoir si l'Etat n'a pas d'inquiétude dans le cas où le pouvoir «tombe entre les mains d'un islamiste alors qu'il n'y a pas de limitation de mandats», le chef du gouvernement a alors rappelé les six points irréversibles de l'article 178 qui consacre le caractère républicain de l'Etat, l'ordre démocratique et le multipartisme. Ouyahia n'a pas manqué à ce sujet de répondre à l'opposition, notamment à Saïd Sadi qui a déclaré, au sortir de la salle de réunion, qu'il s'agit là d'«un scandale», en rappelant que ceux qui s'opposent aujourd'hui à la révision constitutionnelle défendent la loi fondamentale de 1996 qu'ils ont qualifiée, à l'époque, de dictatoriale. Revenant sur le choix du Président de réviser la Constitution en recourant à la voie parlementaire, le chef du gouvernement a expliqué qu'en plus du fait que la loi le permet, le Président a voulu éviter la convocation du peuple à deux reprises dans un délai de deux mois, rappelant que la prochaine élection présidentielle est prévue en avril et que la voie référendaire aurait mené à un vote en janvier. Enfin, à une question relative à l'illégitimité de l'Assemblée nationale (APN) et à l'exigence de la dissoudre par le Parti des travailleurs, Ahmed Ouyahia a répondu que les élections législatives de mai 2007 ont vu la participation de 37 partis politiques et de plusieurs listes indépendantes. Il a indiqué que la loi portant révision de la Constitution n'a pas été adoptée uniquement par certains partis politiques, mais, au contraire, a-t-il argué, elle a été votée notamment par des partis islamistes et des indépendants, rappelant l'existence actuellement au sein de l'APN de 25 partis politiques qui représentent différentes tendances politiques ainsi qu'un groupe parlementaire des indépendants, ajoutant que le recours au Parlement est une procédure juridique garantie par la Constitution.