Médecin généraliste, Widad Rym Menaïfi a volontiers troqué son stéthoscope contre des aiguilles à coudre. Une reconversion qui lui sied à merveille. Pour la petite histoire, elle a travaillé durant quatre années dans un laboratoire pharmaceutique avant qu'elle ne se rende compte qu'elle était contaminée par le virus de la couture. Un don qu'elle a développé depuis qu'elle était toute petite déjà. Une époque révolue à jamais où elle se plaisait à confectionner les tenues de ses poupées. Plus tard, elle s'essaiera dans le prêt-à-porter en approvisionnant sa garde-robe et celle de sa sœur, et ce, sous l'œil complice de sa grand -mère qui était elle-même une brillante brodeuse et couturière. Son deuxième défilé de mode, en l'espace d'une année, a agréablement surpris l'assistance. En effet, elle a présenté une vingtaine de tenues traditionnelles rivalisant d'originalité. Le défilé en question est entamé par le passage sur le podium d'une fillette pas plus haute que trois pommes. Vêtue d'une tenue algéroise, ce mannequin en herbe s'est prêté au jeu en suscitant un effet de surprise chez le public. Aussitôt, le ton est donné par la passage des mannequins adultes. Ces derniers ont dévoilé les dernières et éblouissantes créations de la styliste Rym. A travers l'intitulé de son défilé de mode « Rit El Rouh Fi el nouba », la créatrice avoue qu'il y a un jeu de mots très symbolique. Rym a su mettre en exergue l'historique du costume traditionnel puisqu'il est confectionné dans des tissus luxueux aux découpes parfaites. Mis à part les tenues chaouies, berbères et constantinoises, la créatrice a livré un grand nombre de tenues algéroises. Une tenue qui l'a envoûtée le plus, c'est le seroual traditionnel qui permet de marquer la taille et de jouer avec les coupes. « Il y a un côté libre dans le pantalon contrairement aux costumes des autres régions » explique-t-elle sur un ton enthousiaste et rêveur à la fois. En outre, les couleurs chatoyantes fusaient de partout, donnant une aura de lumière et de magie. Cette palette colorée — empreinte du courant orientaliste — a fait ressortir, à coup sûr, son âme d'artiste peintre. Elle reconnaît que l'ensemble de ces modèles sont inspirés des œuvres orientalistes. Chaque vêtement était illustré par de volumineux accessoires aux design tantôt, ancien tantôt contemporain. Le défilé s'est clôturé non pas par l'incontournable robe blanche mais par une magnifique robe constantinoise verte, portée avec un jupon cerceau. Rym avoue, en toute modestie, que son succès elle le doit à son travail et à sa pérsévérance, mais considère, cependant, que les stylistes Yasmina et Mabrouka l'ont encouragée dans cette voie, ne serait-ce qu'indirectement. après avoir ouvert l'année dernière une boutique baptisée Menouba au centre-ville d'Alger, Rym a bien l'intention de continuer à percer les mystères de la haute couture... et d'organiser de prestigieux défilés de mode.