Le mois de décembre est devenu à Blida synonyme de démolition, de déménagement contre le gré des personnes, de mises à la rue de familles. Le dernier cas met en jeu une maison achetée par acte sous seing devant notaire d'une maison coloniale sise dans l'un des principaux boulevards du centre-ville de Blida, celui de Ben Boulaïd. La victime est une grand-mère et veuve vivant seule avec sa fille et ses petits-enfants ; elle y habitait depuis 1978 lorsque Sonelgaz l'avait louée alors à son mari, cadre de l'entreprise rentré après avoir donné quelques-unes de ses meilleures années de jeunesse à l'édification du barrage Ghrib et l'accident professionnel qu'il a eu au cours de travaux d'entretien sur câble de haute tension il sera même surnommé « Monsieur le miraculé de 60 000 volts ». Après une année d'hospitalisation à l'hôpital Maillot d'Alger et une longue convalescence, il enseignera à l'école technique de la société et mourra en 1996 sans avoir laissé un toit à sa petite famille. En 1984, le logement revient de droit aux Domaines, faute d'héritiers de la propriétaire décédée. En 1994, un acheteur se l'est approprié sur la base qu'il était vacant - et avec la somme dérisoire de ... 13 millions de centimes - et là, la loi n'est pas explicite. Selon un juriste : « Propriété vacante sur le plan physique mais occupée par des tiers qui peuvent avoir un droit préférentiel d'achat lorsque l'Etat met en vente, sans parler de la dilapidation des biens de l'Etat. » En 1999, Sonelgaz signifie à la veuve qu'elle se déchargeait de toute responsabilité sur le logement, mais comment a-t-elle pu alors encaisser jusqu'à cette date - de longues années - le montant du loyer mensuel de 2000 DA ? Par une température basse, en pleine nuit et pendant qu'il pleuvait, un huissier accompagné des forces de police obligera l'occupante à sortir manu militari, mettant ses affaires à la rue mais grâce à l'intervention d'âmes charitables un délai sera accordé, soit jusqu'à aujourd'hui. Entre temps, le nouveau propriétaire mettra une nouvelle serrure, refusant avec monsieur l'huissier la mise sous scellés du bien en attendant que la justice aille jusqu'à son terme. Tout le monde agit avec l'impression de vouloir aller vite en besogne craignant quelque retour de situation et ce ne sont que les malheureux qui encaissent.