La découverte jeudi matin du corps inanimé de Ammi El cordoni, alias Taoui Ali, a jeté l'émoi et l'indignation dans la ville de Constantine. Cet homme vulnérable, âgé de 84 ans, est décédé à cause du froid et de l'indifférence, après avoir passé plusieurs nuits sur une feuille de tôle sous une tente. La victime faisait partie des personnes exclues de la liste de relogement des familles occupant le quartier du Bardo, lequel subit des opérations d'évacuation en vue de sa modernisation. Depuis la fin du mois d'août, plusieurs familles ont dressé leurs bivouacs sur le site aujourd'hui rasé, protestant contre leur exclusion et attendant un geste clément de la part de l'administration, notamment durant le mois de Ramadhan. Faisant preuve de fermeté, Abdelmalek Boudiaf, wali de Constantine, a plaidé à plusieurs occasions sa certitude qu'il s'agit d'indus demandeurs en s'appuyant sur les rapports d'enquête émanant de ses services et de ceux de la commune. La Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH) de maître Boudjemaâ Ghechir a réagi hier devant ce douloureux événement à travers une lettre adressée au chef d'Etat. « Si la vie et la mort relèvent de la volonté divine, ce qui fait mal est qu'un vieux meurt à cause du froid, alors qu'il vivait sans abri depuis plus de deux mois, uniquement parce que l'administration a nié son droit à un logement qui puisse l'abriter durant ses derniers jours », lit-on dans la lettre. Tout en se gardant de juger la position de l'administration et sa justesse, la LADH estime que « la mort de Taoui Ali dans ces conditions et l'organisation des funérailles de ce sans-abri nous interpellent tous et nous mettent devant notre conscience et nos responsabilités humaines et même religieuses ». Pour que plus jamais cela ne se reproduise, la ligue fait appel au président de la République pour l'ouverture d'une enquête afin de designer ceux qui se sont rendus responsables de la souffrance et de la mort de Ammi El cordoni dans ces conditions tragiques.