Il est impossible d'accuser le président de l'Autorité palestinienne de naïveté ou de complaisance dans les rapports avec l'occupant israélien. Tout simplement, le président Mahmoud Abbas refuse de pratiquer la politique de la chaise vide, ce qui explique sa rencontre, lundi, avec le Premier ministre israélien démissionnaire, un homme au verbe facile, comme du reste ses prédécesseurs. Et cette aisance a une explication que Mahmoud Abbas prend en considération, c'est cette complicité dont bénéficie Israël, et à l'inverse cette fausse sympathie à l'endroit des Palestiniens, sinon une franche hostilité, comme en témoignent leur indignation toujours aussi sélective, et cette propension à dénaturer les données de la question palestinienne. Ce qui explique le constance des positions palestiniennes en ce qui concerne des questions sensibles. Lors de l'entretien, M. Abbas a « insisté sur la trêve et la nécessité de la préserver ainsi que sur la nécessité d'assurer les besoins humanitaires et alimentaires de la bande de Ghaza ». Parlant à la presse après un entretien avec le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, à Ramallah, M. Abbas a affirmé avoir discuté avec son hôte « de la trêve à Ghaza et de la nécessité de la préserver, car elle allège les souffrances du peuple palestinien ». Il a aussi appelé les groupes armés palestiniens à cesser les tirs de roquettes depuis Ghaza sur le territoire israélien. « Il faut mettre fin à toutes les actions susceptibles de casser la trêve. En d'autres mots, il faut cesser les tirs de roquettes futiles qui n'aident en rien la cause palestinienne », a-t-il dit. Abbas n'exerce aucun contrôle dans la bande de Ghaza depuis que son parti, le Fatah, en a été violemment délogé en juin 2007 par le Hamas. L'UNRWA, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens qui vient en temps normal en aide à quelque 750 000 personnes à Gaza, a cessé la distribution de vivres, vendredi, faute de provisions. Le Hamas a critiqué la rencontre entre MM. Abbas et Olmert, la qualifiant de « farce » destinée à cautionner « les massacres commis par l'ennemi ». Sur ce même chapitre, la présidence palestinienne a condamné la décision du ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, de construire des dizaines de bâtiments dans les colonies israéliennes en Cisjordanie. « La décision d'Ehud Barak tue efficacement le processus pacifique », a martelé Nabil Abu Roudaina, porte-parole auprès du président Mahmoud Abbas. Le ministre israélien de la Défense a approuvé des dizaines de projets de colonisation dans des colonies de Cisjordanie occupée, en contradiction avec les engagements internationaux d'Israël. Tout est donc prétexte à la poursuite de l'occupation israélienne, comme cette déclaration de guerre lancée par Ehud Olmert qui déclare que la trêve avec le Hamas dans la bande de Ghaza, qui était en vigueur depuis le 19 juin, a « volé en éclats » à la suite des récentes violences. M. Olmert a également demandé aux chefs militaires israéliens d'étudier des plans pour mettre « fin au régime du Hamas » dans la bande de Ghaza. Un discours qui n'est pas nouveau puisque la guerre, les Palestiniens la connaissent, et sous toutes ses formes, y compris qui celle qui oppose de plus en plus souvent malheureusement, les Palestiniens entre eux. Les points de passage entre la bande de Ghaza et Israël sont ainsi restés fermés même après la rencontre Mahmoud Abbas-Ehud Olmert, et malgré également des appels internationaux à leur réouverture, ont indiqué des responsables israéliens. Ces points de passage sont fermés depuis le 5 novembre. Suite à la fermeture des points de passage, l'ONU a dû interrompre ses distributions d'aide alimentaire après le renforcement du blocus. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé Israël à rétablir d'urgence l'approvisionnement de Ghaza en vivres et carburant. Remarquons là aussi le contenu de cet appel : pas la moindre référence au fond de ce conflit. Il est encore une fois traité sous l'angle humanitaire. Une autre injustice.