Avec 60% de la population qui vivent aujourd'hui dans les villes, l'Algérie est en train de devenir un pays urbain. Une tendance en progression qui risque, si rien n'est fait, d'avoir des conséquences fâcheuses sur le territoire et ses ressources. En effet, d'ici à 2025, la population urbaine atteindrait, selon des études prospectives, 30 millions de personnes, l'équivalent de la population totale de l'Algérie actuelle. Autrement dit 80% des 42 millions d'Algériens que nous serons en 2025. Les régions métropoles atteindraient, à elles seules, 11 millions d'habitants en 2010 et la seule région d'Alger, 6 millions pour le même horizon. D'ici à 2020, les 4 wilayas de la région métropolitaine d'Alger devront accueillir, du seul fait de leur croissance démographique, une population supplémentaire de plus 3 millions d'habitants. Une densité de 1000 personnes au km2 sera enregistrée bien avant 2025 dans la Mitidja. Ces hypothèses font craindre le pire en matière d'aménagement du territoire et d'utilisation des ressources naturelles. Celles-ci sont déjà très limitées et mal réparties. Sur les 238 millions d'hectares qui constituent le territoire national, seuls 40 millions d'hectares sont des terres pouvant porter une couverture végétale ou être cultivées. La surface agricole utile ne totalise que 7,5 à 8 millions d'hectares. Elle représente actuellement 0,24 ha par habitant. Elle ne représentera que 0,19 ha par habitant en 2010 et 0,17 ha en 2020. Quelque 20 000 à 25 000 ha risquent d'être sacrifiés dans l'anarchie sur les vingt prochaines années. Cela sans parler de l'habitat précaire, estimé à 300 000 habitations, et du déséquilibre des infrastructures de communication : un réseau routier menacé par le désinvestissement, un rail jeté aux oubliettes et, enfin, des infrastructures portuaires et aéroportuaires à revaloriser et à multiplier. Et c'est justement pour anticiper sur le déséquilibre à venir entre le littoral et l'intérieur du pays, empêcher un développement urbain anarchique, préserver le capital naturel, protéger les écosystèmes fragiles et accompagner les différentes politiques de développement économique et social que le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire vient de mettre en place un comité intersectoriel avec pour tâche le suivi de l'élaboration du Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT). Avec une durée de vie de 20 ans, le SNAT est défini comme un « outil de prospective territoriale, anticipant les ruptures et les risques ». Il aura pour charge d'établir les principes régissant la localisation des grandes infrastructures de mobilisation et de transferts hydrauliques et des infrastructures de transport et de communication. Il doit également fixer pour certaines parties du territoire une stratégie adaptée visant à créer les conditions d'un développement durable et à fixer les actions nécessaires à la valorisation des espaces sensibles que sont le littoral, les zones de montagne, la steppe, le Sud et les zones frontalières. Le SNAT, dont l'élaboration a été confiée en juillet 2003 à un groupement international composé de bureaux d'études algériens et français, devra être adopté par voie législative et actualisé tous les cinq ans. Il comporte cinq phases principales. La première consacrée au diagnostic et à l'identification des tendances lourdes d'occupation de l'espace et à l'évolution de l'économie et de la société devra s'achever à la fin du mois de juillet, début août au plus tard. La deuxième phase sera celle de la présentation de scénarios prospectifs dont un seul sera retenu après une large concertation avec les autres secteurs et ministères concernés. Le livre vert, un document d'étape, devra être prêt en septembre avec pour objectif de susciter le débat et la consultation avec les acteurs économiques, sociaux et administratifs ainsi qu'au sein des instances politiques et gouvernementales. L'avant-projet du Schéma national d'aménagement du territoire, dont l'élaboration débutera en décembre, devra être ficelé en avril 2005 et soumis au Parlement. Dans un quatrième temps, ce schéma devra être mis en œuvre. Reste enfin une cinquième phase qui consiste en l'élaboration d'un système d'information géographique en aménagement du territoire