C'est le principal objet du document présenté hier par Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. L'exposé des motifs qui présente le projet de ladite loi conforte l'urgence de l'action : “Une urbanisation effrénée conjuguée à un taux d'accroissement rapide de la population et le déséquilibre du territoire sont à la base du phénomène d'anarchie et des dysfonctionnements observés dans la totalité de nos agglomérations ; fait accentué durant la dernière décennie par un exode massif des populations rurales en raison de la situation sécuritaire et économique. La politique du foncier en vigueur ne s'est pas adaptée aux changements qu'ont connus nos villes, lesquelles ont reposé sur des solutions conjoncturelles qui définissaient la ville comme espace géographique”. Or, aujourd'hui, notre ville est appelée à développer et à offrir sur le plan économique de meilleurs avantages comparatifs. Elle doit s'insérer dans les réseaux urbains internationaux et s'adapter à l'environnement mondial où les activités de service prennent de plus en plus d'importance. Les villes sont aujourd'hui source de compétitions dans les différents domaines à savoir : attrait de l'investissement, course pour la conquête des marchés extérieurs, pôles économiques, sociaux, culturels et même politiques ainsi que centres d'informations et de communication… Ainsi, il s'agira dans un premier stade de faire émerger Alger, Oran, Constantine, Annaba dans le réseau des villes du bassin méditerranéen, du Maghreb et de l'Afrique. Le gouvernement vise à travers cette initiative à mettre en place le cadre organisationnel et institutionnel de la gestion et de la promotion de la ville et à réunir les conditions pour instaurer de nouvelles règles de gestion, basées sur la contractualisation, le partenariat et la bonne gouvernance. Cette loi aura pour particularité de privilégier le cadre de la concertation et l'implication direct du citoyen dans le choix et le suivi des programmes de gestion. Ainsi, diversifier les sources de financement servira à mener à terme cette nouvelle politique mise en œuvre en collaboration avec les collectivités territoriales dans le cadre de leurs compétences respectives. La participation des opérateurs économiques et le mouvement associatif est également prévue dans ce processus. Le volet urbain de cette politique, pour ne citer que celui-ci, devra en définitive corriger les déséquilibres de la ville, maîtriser la croissance, préserver et valoriser le patrimoine culturel, élaborer les plans de transport, de circulation et faciliter le déplacement et la mobilité. Il est prévu aussi la promotion et la préservation des espaces publics et des espaces verts, le renforcement, le développement des équipements et des infrastructures urbaines, mais surtout la mise en place d'une politique du foncier urbain qui prend en compte la fonctionnalité de la ville. 30 millions d'urbains en 2025 ll Notre pays est passé d'une majorité rurale à une population à majorité urbaine. Autrement dit, 60% de la population vivent aujourd'hui dans les villes malgré une baisse de la croissance démographique. Elle représentera environ 80% de la population algérienne d'ici 2025, ce qui signifie, en conséquence, que l'Algérie va se retrouver avec pas moins de 30 millions d'urbains, soit l'équivalent de la population totale du pays actuellement. Cette tendance nécessite la mise en place d'une politique de la ville qui doit remédier à cette situation caractérisée aujourd'hui par des formes urbaines contestées et une concentration de problèmes, source de clivages et de risques d'implosion. D'où d'ailleurs la pertinence de cette nouvelle loi-cadre qui permettra à nos villes de reconquérir leur identité. Celle-ci définit la ville comme étant toute agglomération urbaine ayant une taille de population et disposant de fonctions administrative, économique, sociale et culturelle. Les villes sont classées selon la taille de la population, leurs fonctions et leur rayonnement au niveau local, régional, national et international. La métropole, l'aire métropolitaine, la grande ville nouvelle et la zone urbaine sensible sont définies, quant à elles, conformément à la législation en vigueur. La ville moyenne est définie comme une agglomération urbaine disposant de fonctions administrative, économique, sociale et culturelle dont la population est comprise entre 50 000 et 100 000 habitants. La petite ville varie, par contre, entre 20 000 et 50 000 habitants au moment où l'agglomération urbaine abritera une population de taille supérieure à 5 000 habitants. Le quartier est défini comme partie de la ville délimitée sur la base d'une combinaison de données relatives à l'état du tissu urbain, de sa structure et de sa composition et du nombre d'habitants y résidant. N. S.