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Quand le roi des hackers défie Bill Gates
Richard Stallman. Programmeur, militant international du logiciel libre
Publié dans El Watan le 20 - 11 - 2008

« Vous ne changez pas les choses en vous battant contre la société. Pour changer quelque chose, construisez un nouveau modèle qui rend l'ancien obsolète. »
R. Fuller
De qui votre ordinateur devrait-il recevoir ses ordres ? La question peut paraître futile, tant la plupart des utilisateurs pensent que leur ordinateur devrait leur obéir et non obéir à quelqu'un d'autre.
Les grandes sociétés de médias, de cinéma et de maisons de disques, en collaboration avec des firmes informatiques, prévoient de faire en sorte que votre ordinateur leur obéisse au lieu de vous obéir. Partant de ce constat, un ingénieur tente de révolutionner les systèmes informatiques, bouleversant des théories bien établies et faisant un pied de nez magistral aux grandes sociétés informatiques. Cet homme est Richard Stallman, 55 ans, fondateur du mouvement pour le logiciel libre. Informaticien, il annonce en 1983 le développement d'une suite de logiciels libres qu'il nomme GNU et qui a permis à Linus de voir le jour en 1991. Peu après, il crée la Free Software Foundation. En 1985, il publie le manifeste GNU, dans lequel il fait connaître les motivations et les objectifs du projet et fait appel à l'appui de la communauté informatique mondiale. En inventant le copyleft, en développant des licences libres depuis des années, le mouvement du logiciel libre concerne des centaines de milliers d'informaticiens et des millions d'utilisateurs. Un engouement sans pareil qui agace Bill Gates, adepte du protectionnisme à outrance, qui ne trouve pas les mots assez durs pour stigmatiser ses opposants : « Je crois que dans les économies du monde, il y en a aujourd'hui encore plus que jamais, qui croient en la propriété intellectuelle. Il y a moins de communistes dans le monde aujourd'hui qu'il y en avait avant, il y a quelques nouvelles sortes de communistes des temps modernes qui veulent se débarrasser pour divers prétextes des incitations faites aux musiciens, aux réalisateurs de films et aux créateurs de logiciels. Ils ne pensent pas que ces incitations devraient exister. » Ces propos en faisant s'éveiller les souvenirs du Mccarthysme avaient mis Gates dans une posture embarrassante. Vilipendé notamment par la communauté du copyleft qui considère que le meilleur moyen d'inciter à la création est de ne pas protéger à outrance la sienne et celle des autres. A la pointe du combat et porte-drapeau de cette vision alternative : Richard Stallman qui parcourt le monde pour faire avancer ses idées et ses idéaux. Mais qui est ce scientifique, cet empêcheur de tourner en rond, ce trouble-fête ?
Un trouble-fête
« Quand je suis devenu informaticien dans les années 1970, j'ai commencé à travailler au laboratoire d'intelligence artificielle du Massachusetts Institute of technology, j'étais employé comme programmeur système, mon boulot consistait à améliorer le système de n'importe quelle manière, de corriger des erreurs, d'ajouter des fonctionnalités. Bref, la coopération passive était normale. Mais une fois, j'ai vu ce que c'est que d'utiliser un programme dont on ne connaît pas le code source. Ça s'est passé quand Xeros a donné à notre institut une imprimante laser de première génération. Avec cette nouvelle imprimante, nous ne pouvions faire de changements dans le programme, car ne possédant pas le code. Nous étions bloqués volontairement par Xeros, nous étions prisonniers d'un logiciel qui a mal fonctionné pendant plusieurs années. Il fallait attendre peut-être une heure pour une imprimante capable d'imprimer en dix minutes ou en 3 minutes. C'était dégueulasse. Un jour, j'ai entendu dire qu'un chercheur de l'université de Carnegie Mellon avait une copie du code source de ce programme. Plus tard, je suis allé à son bureau lui demander une copie du programme. Il a refusé. » Partant de là et convaincu que sans liberté il y a des problèmes pratiques, Richard s'est acharné à lancer son propre programme. « Je ne l'ai pas fait pour amasser de l'argent. Je veux utiliser un ordinateur librement pour coopérer, pas pour restreindre ou interdire de partager. » Depuis un quart de siècle, Richard Stallman est en mission commandée pour le logiciel libre, programmes copiables dont le code source est accessible et modifiable, à l'inverse des logiciels propriétaires comme ceux de Microsoft. Le gourou du « Libre » porte la bonne parole aux quatre coins du monde, non sans apporter son aide aux démunis et aux pauvres, grâce aux actions humanitaires engagées par sa fondation. Pour Stallman : « Toutes les libertés dépendent de la liberté informatique. Elle n'est pas plus importante que les autres libertés fondamentales, mais au fur et à mesure que les pratiques de la vie basculent sur l'ordinateur, on en aura besoin pour maintenir les autres libertés. Profitant de la faiblesse de la démocratie contemporaine, les grandes entreprises sont en train de prendre le contrôle de l'Etat. » Si Bill Gates a toute sa vie affiché des objectifs de nature privée, il ne cache pas qu'il a construit sa fortune autour d'un grand principe, celui de la propriété intellectuelle, le droit de l'auteur de faire prospérer son œuvre en fonction de ses intérêts propres, à l'inverse, Stallman a de tout temps mis en exergue des missions altruistes. Le but du « Libre » étant, selon lui, de répandre sur la planète du logiciel gratuit, pour permettre à tous d'en profiter. Les développeurs libres faisant don de leurs droits d'auteur au nom de l'intérêt général des utilisateurs.
Gates , cet empreur…
Alors que le premier éditeur de logiciel au monde est reçu avec tapis rouge par les grands de ce monde (et même les petits) Richard, lui, a eu droit aux matraques des policiers. En France par exemple, au moment où Gates est reçu avec les honneurs, Stallman décide de dérouler des dizaines de mètres de papier à même le sol, le long du trottoir. La scène est surréaliste : 165 000 signataires dans le caniveau, la figure historique et mondiale du logiciel libre accroupie au même niveau, sous le regard des forces de l'ordre. La presse évoque alors la différence de traitement entre la réception de Bill Gates, en chef d'Etat, par le président de la République et celle de Stallman par le chef de la sécurité. « Gates est l'empereur, nous ne sommes que des citoyens », lâche Stallman, les genoux dans le caniveau, il trouve le temps d'expliquer la problématique du Libre à quelques touristes de passage, étonnés de la situation. Lorsque le patron de Microsoft prit sa retraite, les observateurs pensaient que Richard allait tempérer ses ardeurs et ménager quelque peu son monumental rival. Que nenni. Selon lui, « Bill Gates s'en va, mais l'esprit malin du système propriétaire, qu'il a aidé à bâtir, subsiste ». Et d'ajouter rageur : « Microsoft, Appel, Adobe ainsi que tous les autres vendent des logiciels qui leur donnent une emprise certaine sur les utilisateurs d'ordinateurs. Un changement de responsable ou de société n'est pas important. Ce que nous devons changer, c'est ce système. »
L'argent ne m'intéresse pas
Idéaliste jusqu'à l'utopie, disent certains, Richard est décidé à aller au bout de son entreprise, advienne que pourra. Pour lui, plusieurs sentiments cohabitent dans la nature humaine. Il y a les bonnes et mauvaises volontés. Pour avoir une bonne société, il faut prendre des mesures pour encourager la bonne volonté. « Quand j'allais à l'école, se rappelle-t-il, quand j'étais très petit, l'institutrice disait toujours : ‘'il faut partager ses bonbons !'' Maintenant, le gouvernement des Etats-Unis propose que les institutrices disent : ‘'Oh non ! ne partage pas ! Partager c'est la piraterie. Il ne faut jamais partager avec les autres enfants''. Dans le logiciel libre on peut garder son bonbon et le donner à la fois, c'est ça ma philosophie. » En effet, le roi des hackers ne cesse de répéter que le logiciel libre existe au sein d'un système capitaliste et est compatible avec le commerce. Mais la différence est que ce logiciel ne sert pas comme outil de domination. Il peut être utile pour des entreprises comme pour des particuliers utilisant l'informatique. Toutefois, il empêche un modèle injuste de commerce. Il n'exige pas que toutes les entreprises soient petites, mais il n'amène pas à la concentration et aux monopoles. Richard avait fait du slogan ayant fleuri pendant les agitations sociales de mai 68 son leitmotiv. « Soyez réalistes, demandez l'impossible. » Vivez votre vie à fond, osez rêver, nagez à contre-courant et vos rêves deviennent réalité. Ce slogan peut décrire la mission de Richard. « Un esprit implacable souvent comparé à Moïse portant les commandements GNU, GPL et essayant d'amener la tribu hacker à la terre promise de la liberté. Ses longs cheveux tombant abondamment sur ses épaules, sa grosse barbe et son regard intense contribuent évidemment à cet effet. » Stallman est un ascète qui ne tolère aucun compromis et qui a consacré sa vie et sa fortune à son projet, confie un de ses amis. « Avec les 240 000 dollars de la bourse du génie », offerts par la fondation McArthur, il a parcouru le monde pour faire connaître son programme. A-t-il fait ça dans un but mercantile ? « Cela ne concerne pas l'argent. Cela concerne la liberté », dit-il.
Parcours
Richard Matthew Stallman né à Manhattan, le 16 mars 1953, connu aussi sous les initiales RMS, est un programmeur et militant du logiciel libre. Il est à l'origine du projet GNU et de la licence publique générale GNU connue aussi sous l'acronyme GPL. Il a popularisé le terme anglais copyleft (que l'on peut traduire par « copie laissée »). Programmeur renommé de la communauté informatique américaine et internationale, il a développé de nombreux logiciels, dont les plus connus des développeurs sont l'éditeur de texte GNU Emacs, le compilateur C de GNU, le déblogueur GNU, mais aussi, en collaboration avec Roland McGrath, le moteur de production GNU Make. Depuis le milieu des années 1990, il consacre la majeure partie de son temps à la promotion du logiciel libre auprès de divers publics un peu partout dans le monde. Depuis quelques années, il fait campagne contre les brevets logiciels et la gestion des droits numériques (DRM).


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