Un mouvement de débrayage spontané a été déclenché, hier matin, par le personnel de la gare ferroviaire de Bab El Kantara suite à la mort tragique de leur collègue Djamel Khenfri, âgé de 50 ans, exerçant comme chef de train à la SNTF. L'incident a eu lieu vendredi à 2h dans la région de Ouled Smaïl, dans la commune de Téléghma, wilaya de Mila quand un incendie s'est déclaré dans le wagon du train de relevage dépêché afin d'intervenir sur une locomotive. Parmi les membres de l'équipe d'intervention, Zoubir L., Abdeldjalil L., et Salaheddine H. auront pu en réchapper, alors que le pauvre Djamel Khenfri sera cerné par les flammes et mourra carbonisé, laissant derrière lui quatre orphelins après le décès de son épouse, survenu il y a trois mois. Hier, une vive tension régnait à la gare ferroviaire, totalement paralysée durant toute la matinée, en plus des trains de banlieue et celui en partance vers Alger qui étaient à l'arrêt total. Ce drame a été un de trop pour les cheminots qui ont dénoncé à travers ce mouvement le mépris total affiché durant des années par une administration restée insensible à leurs doléances. « Nous travaillons dans des conditions pénibles et nous n'avons aucune protection, alors que les trains ne sont pas équipés de moyens de sécurité élémentaires », affirment-ils, citant au passage toute une série de défaillances signalées depuis des années au service de la clientèle et à l'inspection des trains, sans résultat. « Nous travaillons sur des trains non équipés de machines réversibles, sans système d'alarme avec des extincteurs vides et des voitures sans freins, alors que le système de fermeture automatique des portières ne fonctionne plus, ce qui est complètement inadmissible », martèlent nos interlocuteurs. « Des agressions au quotidien, de jour comme de nuit, sont perpétrées au niveau du passage de Békira où des groupes de délinquants profitent du ralentissement du train pour s'attaquer à l'arme blanche aux passagers et au personnel du train, et ce face au silence incompréhensible des services de police, pourtant alertés à maintes reprises », déclarent-t-ils encore, précisant que plusieurs travailleurs ont été victimes de blessures et que leurs requêtes n'ont jamais été prises au sérieux par leur tutelle. Alors que les services de la gendarmerie de la wilaya de Mila mènent leurs enquête pour déterminer les circonstances exactes du drame qui a coûté la vie à Djamel Khenfri, les travailleurs de la SNTF exigent, quant à eux, une commission d'enquête de haut niveau pour faire la lumière sur la gestion très contestée du patrimoine et des services des Chemins de fer.