Les cheminots ont renoué de nouveau avec la grève. Un mouvement de débrayage a démarré dès lundi après-midi au niveau du dépôt d'Alger. A 14h30, les conducteurs de train de la région ferroviaire d'Alger ont décidé de cesser tout travail, paralysant ainsi l'ensemble du trafic ferroviaire d'Alger et de ses banlieues. Cette grève inattendue a duré jusqu'à hier matin provoquant dès lors une pénible crise de transport qui a fait des milliers de victimes parmi nos concitoyens. Ce nouveau mouvement de protestation ne défend aucune revendication salariale. Les conducteurs de train qui toucheront leurs nouvelles augmentations à la fin de ce mois, après un bras de fer qui a duré plus d'une semaine avec la direction générale de la SNTF, ont, cette fois-ci, tenu à exprimer leur colère après la mise sous mandat de dépôt d'un de leurs collègues par le tribunal de Sidi M'hamed. En effet, un conducteur de train a été mis en accusation par ce tribunal suite à un accident de train qui s'est produit sur les rails au niveau des Ateliers à El Hamma en mars 2009. Un train a heurté mortellement un passant qui s'était aventuré à traverser la voie ferrée lors d'une journée printanière sans tenir compte du danger de mort qu'il encourait. Le train en provenance d'Alger n'a donc pu éviter de faucher cet homme dont le corps a été complètement déchiqueté par les roues de la locomotive. L'accident qui a jeté un grand émoi parmi les cheminots et les usagers de train s'est retrouvé rapidement entre les mains de la justice. Et celle-ci n'a pas hésité à procéder en premier lieu à la mise sous mandat de dépôt lundi dernier du conducteur de la locomotive. Toutefois, cette décision a provoqué un tollé de colère chez les conducteurs de train qui ont manifesté toute leur solidarité à leur collègue incriminé dans ce terrible accident. «Notre collègue n'est en aucun cas responsable de la mort tragique de l'individu. C'est lui qui a traversé les rails sans tenir compte des consignes de sécurité. Prendre de tels risques s'apparente à une conduite suicidaire. Notre collègue ne pouvait nullement l'éviter ou arrêter le train. Il est injuste de l'incriminer. Pour que cela n'arrive plus, les autorités doivent veiller à assurer la sécurité des rails et non à mettre en prison des conducteurs de train», protestent de nombreux conducteurs de train qui ont maintenu leur grève jusqu'à hier soir. Pour sa part, la direction générale de la SNTF n'a pas manqué de se solidariser avec ce conducteur. «La loi 90-35 qui réglemente clairement la circulation ferroviaire innocente notre conducteur. Il n'est nullement responsable de cet accident tragique. Nous allons appuyer notre employé devant la justice. Pour cela, nos avocats interviendront dans cette affaire pour le défendre et sachez que nous avons d'ores et déjà obtenu sa libération provisoire hier matin», nous a confié Nourredine Dakhli, directeur des ressources humaines à la SNTF. Notre interlocuteur nous a appris également que le conducteur de train sera présenté aujourd'hui devant le parquet de Sidi M'hamed pour être auditionné par le procureur. Concernant enfin le profil de cet employé, la direction générale de la SNTF tient à souligner qu'il a été recruté, après avoir passé tous les examens, en 1987. Il est, en fait, conducteur principal de locomotive. Durant son parcours, il ne s'est pas illustré par des comportements irresponsables. Dans ce sens, ces collègues réclament à l'unisson son acquittement. Faute de quoi, une longue et dure grève risque de reprendre au grand dam des usagers de trains. A. S.