Conséquence de l'envolée des cours des céréales et du régime fiscal imposé aux aviculteurs, les prix du poulet et des œufs ont atteint cette semaine des pics sans précédent. Le poulet de chair affichait 320 DA le kilo dans pratiquement tous les marchés algérois, tandis que les œufs de consommation étaient cédés à 12 DA l'unité. Le Syndicat national des aviculteurs n'avait pourtant pas cessé de tirer la sonnette d'alarme sur la hausse tendancielle des coûts de production qui risquait, non seulement, de mettre ces produits de première nécessité hors de portée du plus grand nombre de consommateurs, mais aussi de mettre en péril toute la filière avicole. L'Etat a certes réagi aux cris d'alarme des producteurs en supprimant la TVA appliquée aux céréales qui constituent la base de l'aliment du bétail, mais cette mesure n'a pas produit l'effet de baisse des prix escompté, car elle a été prise trop tardivement. Les importateurs de céréales continuent aujourd'hui encore à écouler des stocks acquis au début de l'année 2008 à des prix qui avaient, on s'en souvient, fortement augmenté sur le marché international. Il faudrait sans doute attendre quelques mois pour que les prix enregistrent une baisse conséquente sous l'effet du fléchissement encore trop récent des cours mondiaux et, bien entendu, de la suppression de la TVA en faveur des céréales. La filière avicole, qui dépend à 90% des importations d'aliments du bétail et de produits vétérinaires, est à ce point vulnérable. Incapables de faire face à l'envolée des coûts de production, de nombreux éleveurs ont été obligés de réformer tout ou une partie de leurs cheptels. D'autres ont momentanément abandonné l'activité en louant leurs installations ou en les convertissant à d'autres formes d'élevage, comme par exemple l'engraissement d'ovins destinés au sacrifice de l'Aïd El Adha. En a résulté une réduction drastique de l'offre de poulet de chair qui est passée, en moins d'une année, de 16 millions d'unités (environ 24 000 t) à 13 millions (environ 18 000 t) par mois. La production d'œufs a connu une baisse tout aussi spectaculaire. Des retombées positives sur la production sont certes attendues des effets générés par l'exonération de la TVA et la baisse des prix à l'importation des céréales qui ont connu un net reflux, mais pour que la filière avicole retrouve les marques qui étaient les siennes dans les années 1980, il faudrait assurément d'autres mesures incitatives. Les aviculteurs citent, à titre d'exemple, la suppression de la TVA de 17% exigible aux producteurs déclarés. Cette taxe est si élevée (sans doute plus élevée que la marge bénéficiaire escomptée) qu'elle contraint les aviculteurs à éviter les abattoirs officiels et, bien entendu, à ne pas déclarer les ventes. L'enlisement de cette importante filière dans l'informel résulte en grande partie de ce constat. C'est également ce qui explique le fonctionnement en nette sous-capacité (à peine 40%) du potentiel national de production installé qui pourrait non seulement satisfaire la demande, mais également dégager d'importantes quantités à exporter.