Les Japonais veulent avoir plus de pétrole auprès de l'Algérie. Mais surtout un pétrole « à des prix stables ». C'est ce qu'a laissé entendre hier le président de JGC Corporation, Yoshiro Shgehisa, lors de la tenue de la 6e session du Comité économique conjoint algéro-japonais. Lors d'un discours d'ouverture prononcé à l'occasion, M. Yoshiro n'est pas allé par quatre chemins pour exprimer la volonté du Japon à renforcer sa coopération avec l'Algérie dans le domaine de l'énergie. « L'environnement a beaucoup changé à cause de la crise financière internationale et les prix du pétrole ont connu des pics et des chutes. L'OPEP a toujours contribué à la stabilité des cours du pétrole et les pays producteurs et consommateurs doivent œuvrer davantage pour un pétrole à des prix stables », réclame d'emblée et sans ambages le chef de JGC Corporation qui a coprésidé, avec Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), les travaux de la 6e session du Comité économique conjoint algéro-japonais. L'orateur est allé jusqu'à dire que « si l'Algérie travaille davantage pour l'ouverture, il y aura plus de coopération entre entreprises japonaises et algériennes ». Cette déclaration a amené le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, à lancer des reproches durs à l'adresse de la partie japonaise. Il a déploré d'abord ouvertement l'absence d'investissements japonais hors hydrocarbures en Algérie. Et de rectifier ensuite que le marché économique algérien est « ouvert et totalement libre ». Le ministre a plaidé pour le développement d'un partenariat algéro-japonais dans des secteurs autres que ceux de l'énergie et des hydrocarbures. C'est pourquoi le FCE, présidé par M. Hamiani a repris en main, en septembre dernier, la coprésidence du comité conjoint algéro-japonais, assuré auparavant par Sonatrach. La partie algérienne a décidé ainsi d'afficher clairement la couleur. M. Hamiani a rappelé de son côté que la cession de la coprésidence du comité conjoint algéro-japonais par Sonatrach au profit du FCE signifie « le commencement d'une nouvelle orientation de la coopération ». Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements était le premier à avoir déploré l'absence d'investissements japonais en Algérie. Excepté le domaine des hydrocarbures. « Il n'y a pas une seule entreprise japonaise qui active en Algérie. Vous aurez de l'énergie oui, mais la meilleure manière de gagner de l'énergie aussi c'est en étant présent en Algérie à travers l'implantation d'entreprises japonaises », a déclaré Abdelhamid Temmar.La coopération entre l'Algérie et le Japon ne dépasse pas, à l'heure actuelle, le stade des échanges commerciaux. D'après des chiffres fournis par le président du FCE, les importations de l'Algérie depuis le Japon sont passées de 370 millions de dollars en 2002 à plus d'un milliard de dollars en 2007. Les exportations, elles, ont atteint en 2007 les 260 millions de dollars, alors qu'elles représentaient, en 2002, une quarantaine de millions de dollars. M. Hamiani estime « qu'il est temps de réévaluer les relations économiques entre le Japon et l'Algérie ». « Nous ne voulons pas rester au stade d'import-export car la situation actuelle de la coopération ne nous donne pas entière satisfaction », a-t-il soutenu encore lors d'un point de presse tenu en marge des travaux de la 6e session du Comité économique conjoint algéro-japonais. Interrogé sur l'absence des entreprises japonaises en Algérie, Yoshiro Shgehisa, coprésident de ce comité, a rappelé le souhait de son pays de « travailler encore plus longtemps avec l'Algérie dans le domaine des hydrocarbures, sans pour autant exclure d'autres secteurs, à l'instar de l'énergie photovoltaïque ainsi que le logement ».