Dans l'opulent registre du désordre des choses, on trouve des vertes et des pas mûres. De quoi alimenter le propos jusqu'à l'excès. Les exemples foisonnent. Flâner, déambuler sur les trottoirs, peut susciter de la gêne et des désagréments. La fièvre du négoce informel et indu a favorisé un squat débridé. L'espace est dévié, détourné de sa vocation initiale. Et ce n'est pas peu dire. Des camelots en ont pris possession depuis longtemps déjà. Epidémie feutrée mais tellement répandue à travers les artères de la cité. Dans cette voie publique, soumise à des règles bien singulières, le phénomène perdure. On s'installe comme on peut et on vend de tout. Un vrai souk. Les fruits et légumes, produits alimentaires, cosmétiques, vêtements, tissus, chaussures, coutellerie, articles de bureau, et la liste est longue. Il y a même des commerçants qui, se sentant à l'étroit, y vont aussi de leurs marchandises qu'ils exposent dans la rue. « Dar khali Moh » ou auberge espagnole. Le choix est laissé à l'avenant. Gênés, les piétons débordent sur les voies carrossables, faute de mieux et de guerre lasse. Certains esprits, surchauffés par l'ambiance et une permissivité qui dure, s'en prennent aux passants, coupables d'une quelconque remarque à l'égard de ce manège. On taira par pudeur, les échauffourées plutôt musclées qui éclatent de temps à autre. Bref, le climat n'est pas à la quiétude. Et il faut parfois suivre son chemin en affichant profil bas. N'a-t-on pas observé des badauds, demander des excuses pour avoir malencontreusement mis le pied sur un étalage de marchandises. Il y a risque de subir un vrai courroux de la part de marchands ambulants trop sûrs de leur « droit ». Ainsi vont les choses. Et ce serait presque inconvenant de réclamer une réaction positive face à ces faits accomplis.
