Avec sa bourse et son dynamisme, Bombay est aussi le centre financier du pays, là où affluent les étrangers ; autrement dit, c'est la vitrine de l'Inde. Le cauchemar qui s'est emparé de la ville indienne de Bombay a pris fin hier aux premières heures de la journée, après une nouvelle nuit d'affrontements restreints, cette fois, au seul hôtel TajMahal, un joyau architectural et à la riche histoire, transformé en champ de bataille, mais aussi en cercueil pour des centaines de clients. Il aura donc fallu trois jours pour que les forces de sécurité indiennes viennent à bout d'un commando bien armé et surtout bien entraîné pour avoir résisté à la puissance de feu déployée par les forces indiennes. Il se sera aussi fait remarquer par sa cruauté pour avoir laissé sur son passage des dizaines de cadavres que les forces indiennes commencent à compter. Les derniers membres de ce commando, encore retranchés dans un hôtel de Bombay, ont été abattus hier matin, et la police a annoncé la fin des opérations « Toutes les opérations sont terminées. Tous les terroristes ont été tués », a déclaré Hassan Gafoor, chef de la police de Bombay, près de 60 heures après le déclenchement des attaques. Trois militants islamistes, encore retranchés dans l'hôtel Taj Mahal, ont été abattus hier matin, a indiqué J. K. Dutt, chef de la Garde nationale indienne. « Nous avions dit qu'il y avait trois terroristes... et nous avons trois corps », a-t-il déclaré à l'extérieur de l'hôtel. L'hôtel Taj Mahal était le dernier endroit où se trouvaient encore des assaillants. Ces derniers, constate-t-on, avaient d'ores et déjà stocké à l'avance des armes et des explosifs à l'hôtel Oberoi-Trident, pratiquement mitoyen avec Tajmahal, tous deux situés sur le front de mer hérissé de gratte-ciels, symboles du renouveau de l'Inde. Bombay est aussi le centre financier du pays, là où affluent les étrangers ; autrement dit, c'est la vitrine de l'Inde. Les assaillants ont donc choisi ce qu'on appelle communément des cibles parlantes, même si, dans les premiers temps, on disait que leurs raids ont visé en particulier des étrangers, plus spécifiquement des clients américains et britanniques. Mais les extrémistes, armés de fusils automatiques et de grenades, ont aussi frappé des cibles indiennes, comme à la gare centrale de Bombay où ils ont fait 50 morts. Un hôpital, recueillant des femmes et des enfants pauvres, a également été attaqué. Constat mais aussi bilan, même provisoire. En effet à l'Oberoi-Trident, où 93 otages avaient été libérés vendredi matin, la police a annoncé avoir découvert 24 cadavres, précisant que les opérations étaient terminées. Des otages libérés, de même que des policiers ou des soldats, ont raconté des scènes d'horreur. Reste la question qui revient avec insistance : Qui en est l'auteur ? Ces attaques, qui ont frappé le cœur économique et financier de la 10e puissance économique mondiale, ont été revendiquées au nom d'un groupe islamiste, les moujahidine du Deccan, du nom du plateau qui couvre le centre et le sud de l'Inde. L'un des assaillants de l'Oberoi Trident, interrogé par une télévision, a affirmé que le groupe réclamait la fin des « persécutions contre les musulmans d'Inde », une forte minorité de 150 millions de personnes, victimes de violences par le passé, dans ce pays de 1,2 milliard d'habitants, hindous en majorité. Selon l'agence PTI, citant des sources officielles, trois extrémistes, dont un Pakistanais, appartenant au Lashkar-e-Taiba ont été arrêtés à l'hôtel Taj Mahal. Une information non confirmée, au moment où des services secrets étrangers y vont aussi de leurs évaluations, mais aussi des hypothèses et des offres de services. Depuis quelques années en effet, et principalement depuis les attentats anti américains du 11 septembre 2001, le monde entier s'intéresse à ce phénomène international. Des accusations ont bien été portées sur le voisin pakistanais, mais elles semblent tellement imprécises, qu'on se demande si elles mettent en cause ce pays en tant qu'entité, ou alors en tant que sanctuaire et alors là, la question devient autre, surtout si l'on garde en évidence la lutte que ce pays mène lui-même contre les différents réseaux, dont il est la cible. C'est là tout le travail des enquêteurs.