Le 26 novembre 2008 restera gravé dans l'histoire de l'Inde. Bombay, la mégalopole de l'ouest du pays, a été le théâtre ce funeste mercredi d'une attaque d'une ampleur inédite. C'est une des plus graves attaques terroristes subies jusqu'ici par une ville indienne. Deux hôtels de luxe ont été pris d'assaut et plusieurs fusillades ont éclaté dans la gare centrale de Bombay, faisant au moins 130 morts et près de 300 blessés. Des centaines de personnes ont été prises en otages dans un chaos indescriptible. Le pays est en état de choc. Bombay est la ville la plus importante de l'Inde en termes démographiques avec ses 13 millions d'habitants. Elle est surtout considérée comme le poumon financier et industriel du pays. Des hommes armés de fusils d'assaut et de grenades déclenchent une série d'attaques coordonnées engendrant mort et désolation. Parmi les lieux visés, la gare centrale, un hôpital et deux hôtels de luxe en plein centre de Bombay. Les assaillants prennent en otages plusieurs dizaines de personnes dans les deux hôtels, le Taj Mahal et l'Oberoi-Trident. Un groupe se nommant les «Moudjahidine du Deccan» revendique les attentats. Le Deccan est le nom du plateau qui couvre le centre et le sud de l'Inde. Durant 48 heures, des tirs opposent les forces de sécurité indiennes aux hommes armés autour des deux hôtels. Les unités antiterroristes interviennent au Taj Mahal pour tenter de déloger les assaillants. Selon les informations distillées par les agences de presse dans le désordre ambiant, le groupe réclamerait la fin des «persécutions» à l'encontre des musulmans d'Inde et la libération des militants islamistes détenus en Inde. Le Premier ministre indien Manmohan Singh déclare que le groupe derrière les attaques est basé «en dehors» de l'Inde. L'allusion au Pakistan est à peine voilée. Le pays voisin a de tout temps été montré du doigt au lendemain de chaque attentat en Inde. Hier, dans l'après-midi, des tirs sporadiques et des explosions sont toujours entendus aux abords des bâtiments attaqués. Les deux hôtels sont assiégés par les forces de l'ordre qui tentent de libérer des otages ou des personnes bloquées dans les chambres. Un responsable de l'armée indienne assure que les assaillants viennent du Pakistan. Les assertions sont vite démenties par le ministre pakistanais de la Défense qui déclare que son pays n'est impliqué en aucune manière dans les sanglantes attaques. Les forces indiennes poursuivaient hier leurs opérations contre les assaillants retranchés dans les deux hôtels de luxe. Ainsi, deux jours après la spectaculaire attaque, dans la confusion générale, les commandos de la police et de l'armée indiennes continuaient à fouiller une par une les centaines de chambres des deux grands hôtels. Au moins 93 otages, en particulier des étrangers, ont été libérés hier de l'Oberoi-Trident, où 200 personnes étaient retenues la veille. Des responsables étrangers n'ont pas hésité à évoquer la piste du réseau terroriste Al Qaïda dans ces attaques, arguant le fait que ce sont des Occidentaux qui étaient visés. Faible hypothèse puisque les attaques ont aussi frappé des cibles indiennes, comme la gare centrale de Bombay. Le bilan, toujours provisoire, de l'effroyable attaque terroriste est lourd. Plus de 130 personnes tuées et environ 300 blessées selon les sources indiennes. Au moins 17 ressortissants étrangers de différentes nationalités se trouvent parmi les morts. Hier après-midi, alors que la bataille contre les terroristes continuait, les forces indiennes avaient indiqué que des commandos avaient presque totalement libéré le Taj Mahal. Selon l'agence de presse indienne PTI, citant des sources officielles, trois extrémistes, dont un ressortissant pakistanais, ont été arrêtés dans cet hôtel. L'agence indienne affirme que les extrémistes sont membres du «Lashkar-e-Taïba», un groupe armé islamiste basé au Pakistan, connu notamment pour avoir attaqué le Parlement indien en 2001. M. B.