Des terroristes ont attaqué mercredi plusieurs cibles à Bombay et fait des dizaines d'otages dans deux grands hôtels de luxe. La grande métropole de l'ouest de l'Inde a été mercredi, la cible de plusieurs attaques coordonnées qui ont occasionné un grand nombre de morts et de blessés. Au moins sept ou huit endroits, selon les services de sécurité indiens, ont été investis par «des terroristes inconnus» qui ont ouvert le feu sur des passants et des institutions. La police indienne faisait état hier de 130 morts et au moins 350 blessés. Dans l'après-midi d'hier, 24 cadavres ont été découverts dans l'hôtel Oberoi, libéré un peu plus tôt, annonçait un capitaine de police. Tout a commencé dans la nuit de mercredi vers 22h30 (17h00 GMT), lorsque des hommes armés d'AK47 (Kalachnikov) ont attaqué la gare centrale de la capitale économique de l'Inde. Cette attaque s'est soldée par au moins 10 morts, selon un premier bilan donné par la police locale. Les attaquants agissaient en commandos «bien entraînés» et surtout «déterminés» selon les dires des témoins et de la police. Ceux-ci armés jusqu'aux dents ont lancé des attaques, le moins qui puisse en être dit, bien orchestrées, qui avaient des objectifs précis, comme l'attaque des deux grands palaces de luxe de Bombay, le Taj Mahal et le Oberoi/Trident où des centaines de personnes, dont un grand nombre de touristes étrangers, ont été pris en otage. Tous les témoins ont souligné la détermination des assaillants dont la jeunesse n'a pas manqué de susciter les surprises. Personne n'a pu donner un chiffre, même approximatif, du nombre des assaillants, mais beaucoup ont affirmé qu'au moins une dizaine d'entre eux sont arrivés par mer, dans la soirée de mercredi, à bord de deux embarcations, alors que la police affirme qu'ils ont «été largués» par un bateau «plus gros» au large de Bombay. Le groupe s'est ensuite séparé en deux divisions dont l'une attaqua la gare principale de la capitale économique indienne. Une fois dans la gare, les assaillants ont commencé à tirer avec des armes automatiques et des grenades sur la foule, faisant un carnage. Echappant aux services de sécurité, le même groupe s'est attaqué à un hôpital qui accueillait les premiers blessés de l'attentat contre la gare centrale, procédant quasiment à des «exécutions» sommaires en tirant dans le tas, affirment la police et des témoins. Alors que le premier groupe semait la mort en divers secteurs de la ville, le second commando, qui semble s'être lui-même divisé en deux groupes, s'est attaqué aux deux palaces Taj Mahal et Oberoi/Trident où, outre les carnages - c'est dans ces deux hôtels qu'il y eut à déplorer le plus de victimes - il y a eu prise d'otages. Dans ces vastes complexes touristiques, comprenant des immeubles de plus de 25 étages, les affrontements ont été meurtriers, les policiers tentant de donner des assauts pour libérer les otages. Ces deux grandes résidences touristiques, symbolisent, en fait, la richesse d'une ville qui génère 5% du PIB de l'Inde alors que l'activité représente 25% de la production industrielle, 40% du commerce maritime et 70% des transactions de capitaux de l'économie indienne. Bombay représente aussi, l'une des dix plus importantes plates-formes financières mondiales par l'importance des flux de capitaux et est considérée avec ses 20 millions d'habitants (l'agglomération de Bombay) comme la quatrième plus importante ville du monde. Donc, le Taj Mahal et l'Oberoi/Trident drainent une clientèle à la mesure de ce grand port asiatique. Les assaillants ont également attaqué un complexe résidentiel et d'affaires, abritant le Centre juif et un hôtel pour des visiteurs israéliens. Dans la nuit du mercredi au jeudi, les attaques qui ont ciblé plusieurs quartiers de Bombay ont été revendiquées au nom d'un groupe islamiste jusque-là inconnu se faisant appeler «les moudjahidine du Deccan», une vaste plaine dans le centre de l'Inde. Ce que tous les témoins ont noté, c'est l'extrême jeunesse des attaquants. «Ils étaient très jeunes, presque des enfants, portant des jeans et des T-shirts», a expliqué un client britannique. «Ils étaient vraiment jeunes, presque des garçons», affirmait de son côté un touriste australien.