Le ministre indien des Affaires étrangères Pranab Mukherjee a annoncé, hier, que New Delhi avait officiellement présenté à Islamabad ce qu'il affirme être des preuves de l'implication d'“éléments pakistanais” dans les attaques de Bombay en novembre. “Nous avons transmis aujourd'hui au Pakistan des preuves sur des liens entre des éléments pakistanais et les terroristes qui ont attaqué Bombay le 26 novembre 2008”, a déclaré M. Mukherjee lors d'un point de presse. “Ce qui s'est passé à Bombay est un crime impardonnable. Nous demandons simplement au gouvernement du Pakistan de mettre en œuvre les engagements qu'il a pris devant les plus hautes autorités indiennes et de remplir ses obligations internationales”, a ajouté le chef de la diplomatie indienne. Depuis cinq semaines, l'Inde s'en prend très régulièrement au Pakistan. New Delhi, Washington et Londres imputent les attaques de Bombay, du 26 au 29 novembre (172 morts, dont 9 assaillants) au Lashkar-e-Taïba (LeT), à un groupe islamiste armé clandestin pakistanais. Ce mouvement - qui a démenti toute implication - aurait entraîné le commando de 10 assaillants, tous Pakistanais selon New Delhi, avec le soutien d'“éléments” du régime pakistanais, c'est-à-dire, affirment des responsables officiels indiens, de services de renseignement d'Islamabad. L'Inde a décidé de lancer une grande offensive diplomatique pour convaincre la communauté internationale : le ministre indien de l'Intérieur Palaniappan Chidambaram doit se rendre cette semaine aux Etats-Unis pour y présenter des preuves “accablantes et irréfutables (montrant) que le complot s'est tramé au Pakistan et que lorsque l'opération a commencé à Bombay, elle était organisée et contrôlée depuis le Pakistan”. Le “dossier détaillé” contient des transcriptions d'appels téléphoniques, des interceptions de communications et des rapports d'interrogatoires, a-t-il dit, dimanche, au journal Indian Express. Le Pakistan a arrêté des dizaines de membres ou proches du LeT et a demandé à l'Inde ne pas lui dicter sa conduite dans la lutte contre les groupes islamistes. Confirmant la réception du dossier, le Pakistan a indiqué hier qu'il examinait les preuves que l'Inde lui a présentées sur l'implication présumée d'“éléments pakistanais” dans les attaques de Bombay fin novembre. À Islamabad, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a donc confirmé que l'ambassadeur du Pakistan en Inde avait bien reçu ces documents et les avait transmis à son gouvernement. “Le Pakistan a le dossier et les autorités concernées l'examinent”, a déclaré ce porte-parole. Par ailleurs, le secrétaire d'Etat américain adjoint pour l'Asie du Sud, Richard Boucher, est arrivé hier à Islamabad pour évoquer avec les dirigeants pakistanais les tensions entre leur pays et l'Inde à la suite des attentats de Bombay, a annoncé un responsable ministériel pakistanais. M. Boucher devait s'entretenir dans la journée avec le président Asif Ali Zardari, le Premier ministre Yousuf Raza Gilani et le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi, a ajouté ce responsable. Ces entretiens devraient notamment porter sur les relations indo-pakistanaises, très tendues depuis les attentats de fin novembre à Bombay. M. Boucher et les dirigeants pakistanais devraient également évoquer la coopération du Pakistan à la “guerre contre le terrorisme” que mènent les Etats-Unis dans les zones pakistanaises frontalières de l'Afghanistan, considérés comme un repaire des rebelles talibans et d'autres insurgés. R. I./Agences