Un groupe de filles s'agglutine devant la portière d'un bus universitaire, le seul, au niveau de l'aire de stationnement de Hasnaoua en partance vers Boudjima. Curieux tout de même, quelques privilégiées sont d'ores et déjà montées et profitent de la musique à l'abri des bourrasques en cette journée fraîche. Il est 12h30. Engoncée dans une veste en cachemire marron à capuchon, une étudiante dit : « Nous attendons justement le départ. Il n'y a pas suffisamment de bus qui desservent les agglomérations. Nous avons 6 bus, je crois, vers la daïra de Ouaguenoun. Le problème se pose le matin comme le soir. » En jouant des bras, les plus chanceux montent et arrivent à l'heure, mais nombreux sont ceux qui se rabattent sur le transport privé. Des dizaines d'étudiants bordent une station de bus délabrée sur plus de 500 m. Les yeux rivés vers le sens d'arrivée des bus, ces étudiants entament le second achoppement, après celui des files au restaurant. Sofiane, un étudiant en sciences économiques s'interroge laconiquement : « Je me demande où sont passés ces bus de la DOUH. » Un classeur sous le bras, les mains dans les poches, l'étudiant fulmine : « Nous n'avons pas encore terminé avec les problèmes de restauration et nous voilà en prise avec le problème du transport. » Akli, un étudiant en sciences juridiques, estime : « Le nombre de bus est resté le même. Ils ont ajouté quelques bus mais ce n'est pas suffisant. » Cet universitaire soupçonne également les responsables de n'avoir pas de solution concrète. « Les nouveaux sites, notamment Tamda et la résidence des filles de Oued Aïssi sont dotés de bus que nos gestionnaires ont retirés des autres lignes. Ce qui fait que la disparition de ces bus de leurs itinéraires initiaux se fait remarquer par cette longue attente et la bagarre qui s'ensuit en montant à bord ». Les horaires de départ et d'arrivée ne sont pas synchronisés avec les horaires pédagogiques en fin de journée. Alors que le dernier cours se termine à 17h, l'ultime autobus, urbain ou suburbain, part à 16h30, au plus tard 16h45. « Nous sommes obligés alors de faire une partie de footing depuis les départements », reprend Sofiane. Ce dernier nous fait part des difficultés qu'il rencontre, en tant qu'étudiant résidant à la cité Boukhalfa. Pour lui, la journée commence à 6h. Après un crochet au réfectoire, le début de journée à la station s'avère plutôt musclé, puisque 500 résidents « se disputent » deux bus à 7h15. « On se rend ensuite au campus vers 8h pour rattraper le bus de 8h15 ». Sofiane fait remarquer qu'à partir de 8h15, il vaut mieux prendre le fourgon. N'étant pas obligé de compenser les lacunes du transport, des enseignants sont souvent intransigeants sur la ponctualité. « Cela nous coûte des absences qui peuvent compromettre notre cursus. Mais dans la plupart des cas nos professeurs comprennent la situation et ferment les yeux sur quelques minutes de retard », conclut Akli. Par ailleurs, selon les chiffres de l'administration, la flotte du transport universitaire comptabilise 153 bus qui assurent 531 navettes entre les sites d'hébergement et les facultés. D'autres conventions ont été signées avec des opérateurs privés afin d'assurer le transport intercommunal. Une flottille de 52 bus seulement est mise à la disposition des étudiants qui habitent à plus de 30 km de la ville de Tizi Ouzou où sont concentrées les cités et facultés. Ainsi le calvaire continue pour les 29 427 étudiants abonnés au transport universitaire. D'autres localités comme Tizi Rached, Béni Douala et Larbâa Nath Irathen ne sont pas en reste. Des universitaires originaires de ces localités réclament leurs cartes de transport et plus de bus. Quant à la qualité de la prestation, les étudiants ne manquent pas de rappeler le manque de professionnalisme chez certains opérateurs.