Sous le chef d'accusation d'appartenance à un groupe terroriste, le tribunal criminel d'Oran a condamné hier trois personnes, S. Mohamed El Amine, B. Hamza et H. Djillali, à 7 ans de réclusion. Cinq autres individus concernés par ce procès pour non-dénonciation de crime et financement de groupe terroriste ont été acquittés. L'enquête concernant cette affaire a été déclenchée après que les services de sécurité aient déterminé l'identité et la résidence à Oran du terroriste kamikaze du GSPC, B. El Houari, alias Abou El Moukdad El Yamani, qui a perpétré l'attentat de Batna le 6 septembre 2007. Les investigations ont ciblé une salle de prière Ibn Taymia située au quartier Sidi El Bachir (ex-Plateaux). Filé, le premier des condamnés, S. Mohamed El Amine (alias Abou Moad) a été arrêté le 10 décembre 2007 alors qu'il s'apprêtait à prendre un bus à la gare routière de Yaghmoracen à destination de Sétif. Il était en contact avec un autre terroriste du GSPC activant à l'Est et qui est actuellement recherché, A. Samir. S. Mohamed avait sur lui des jumelles de vision de nuit (considérée comme étant du matériel militaire) une boussole, deux téléphones mobiles, des lunettes et une carte géographique. Cet équipement lui a été remis par le deuxième accusé condamné, B. Hamza dit Hmida, qui l'a mis en contact avec le fugitif recherché. A la barre, S. Mohamed El Amine a déclaré qu'il a avoué sous la contrainte policière. « Je marche avec toi au sujet des pressions que tu aurais subies de la part de la police, mais chez le juge d'instruction, tu étais libre de dire ce que tu voulais », lui fait remarquer le juge avant de l'inviter à répéter ce qu'il a déclaré lors de son audition. Devant les hésitations de l'accusé, ce dernier s'est alors mis à lire le contenu de l'audition où l'accusé reconnaissait ses liens avec A. Samir et son désir de rejoindre le groupe terroriste, précisant qu'il voulait seulement atteindre l'Irak pour le djihad et qu'il n'avait pas l'intention de commettre des attentats en Algérie. Au sujet de ses liens avec B. Hamza, il a déclaré qu'il le voyait une fois par semaine, car il avait l'habitude de tenir un « carosse » pour vendre de la pâtisserie orientale devant la mosquée. « Le juge d'instruction a inventé tes déclarations ou quoi ? », interroge le juge lorsque l'accusé nie les faits relatés. « Des aveux sous la torture », tel est le discours tenu par B. Hamza, le deuxième accusé appelé à la barre. « Tu avais le droit de demander une expertise pour prouver que tu avais été torturé lors de l'interrogatoire de police », lui explique le juge qui lui demande des explications au sujet des bandes adhésives trouvées en sa possession – en plus des ouvrages et des CD de propagande – lui faisant remarquer que ce produit est utilisé pour les bombes. « Elles appartenaient à mon père, qui les utilise pour l'emballage », répond l'accusé, qui nie également avoir rencontré les terroristes cités dans un camping, à Rechgoun (Beni Saf) en 2005 lors d'« un regroupement régional où il était question de djhad », précise le juge. « J'ai juste transporté des gens moyennant une rémunération », répond l'accusé, mais le juge lui fait remarquer qu'il a passé la nuit dans ce camp, dans une même tente et qu'il lui est difficile dans ce cas de nier connaître des personnes impliquées dans les affaires terroristes (comme A. Samir et B. El Houari). Appelé à la barre, le troisième accusé, H. Djillali, nie avoir été impliqué dans une quelconque affaire terroriste avant que le juge lui rappelle qu'il a seulement bénéficié, en 2006, des dispositions relatives à la concorde et la réconciliation nationale. « La police venait souvent chez nous et faisait peur à ma mère », déclare l'accusé. « La police ne venait pas pour faire peur à ta mère mais pour chercher ton frère impliqué », lui fait remarquer le juge, qui s'étonne que l'accusé nie tout au sujet des liens d'appartenance à un groupe terroriste de son frère H. Khaled et A. Samir. Lui aussi va mettre en avant la thèse de la pression qu'aurait exercée la police pour lui soutirer des aveux. Après avoir écouté tous les prévenus, le procureur général requiert 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre des 4 accusés, dont les 3 cités plus haut, 5 ans de réclusion pour les 3 impliqués sous le chef d'accusation de non-dénonciation de crime et, enfin, 8 ans pour le dernier accusé impliqué pour financement du terrorisme. Finalement, sur les 8 impliqués, seuls 3 ont été accusés.