Le festival international des Trois Continents de Nantes, vient de décerner à Malek Bensmaïl le Prix spécial du Jury pour son long métrage documentaire La Chine est encore loin ». Ce film documentaire d'excellente facture, filmé avec élégance et o-produit par Cirta-Film que dirige Zertal, le film fonctionne comme une métaphore de la société où tout est dit, chuchoté, susurré en filigrane. A travers son documentaire, Malek Bensmail nous invite à quitter la jungle des villes et le cinéma urbain pour nous installer au fin fond d'un paysage aride et froid. Les habitants se souviennent du Caïd et de l'instituteur européen assassinés en 1954, à l'aube de la guerre de libération nationale. Toujours attentif à sa société, le réalisateur pose un regard acerbe sur le quotidien délétère de ce village des Aurès (d'où étaient partis les premiers coups de feu de la guerre de libération nationale), aujourd'hui abandonné à lui-même. Avec talent, tout comme dans ses précédentes œuvres, Bensmail dresse des tranches de vie autour de personnages attachants, merveilleusement mis en image. La caméra discrète nous introduit dans leur intimité. Le point de vue du réalisateur, le regard profond qu'il pose sur les mutations de son pays, sur l'enfance, la famille, le souvenir ou le passé qui ne passe pas, ne peut laisser indifférent. Le cinéaste « citoyen », comme il se définit lui-même, rythme son film au gré du quotidien, sans emphase et sans autre objectif que de coller à la réalité. Jouant sur les ruptures narratives et de belles harmoniques, l'auteur a opté pour des plans larges, des mouvements de caméras souples et subtils et un rythme qui épouse parfaitement le tempo du village, avec ses appels à la prière, ses sonneries d'école et les rythmes de la vie des villageois.