Alors que "la chine est encore loin " de Malek Bensmail est depuis le 28 avril 2010 sur les écrans français, sa sortie algérienne semble entourée de flou. Un rumeur a fait état il y a quelques jours d'une interdiction de projeter ce film dans nos salles ; rumeur aussitôt démentie par la ministre de la Culture Khalida Toumi qui a soutenu sur les ondes de la radio chaîne II voilà trois semaines que " La Chine est encore loin a bénéficié de l'appui du ministère en 2007 dans le cadre d'Alger, capitale de la culture arabe, le réalisateur devait nous remettre une copie, mais ne l'a pas fait, de plus, il n'a jamais demandé un visa d'exploitation. Pour cela, nous avons décidé de saisir la justice". Pour sa part, le cinéaste s'étonne par la déclaration. Il a avoué à un de nos confrère qu'il ne "voyait pas d'où venait cette polémique ? Je crois que Mme la ministre est mal renseignée par son entourage. C'est de là que vient le quiproquo, me semble-t-il... Le film a été montré " officiellement " lors du panorama du festival de cinéma " Alger, capitale culturelle arabe 2007 ", en mars 2008 si mes souvenirs sont bons. Le film a été vu également par le cabinet de Mme la ministre. La deuxième tranche d' " Alger, capitale culturelle arabe " a été versée, plus d'un an et demi après qu'une copie du film fût déposée auprès du CNCA par le producteur algérien Hachemi Zertal, (Cirta Films.). Enfin, le visa d'exploitation a été demandé il y a plus d'un mois et demi toujours par son distributeur Cirta Films. Avec Hachemi Zertal, nous voulions faire une sortie simultanée France-Algérie. Pour moi, il n'y a pas de polémique, ni censure puisque nous n'avons reçu aucune lettre de refus à ce jour ajoutant que " La demande est en cours et nous attendons patiemment une réponse qui, je l'espère, sera positive. Mon producteur algérien, Hachemi Zertal, se tient à la disposition du ministère pour apporter l'ensemble des justificatifs... ". Censure ou intox ? Alors censure ou intox ? En tout cas le film qui est même disponible en DVD, n'est nullement une oeuvre qui dérange au point d'être censuré. Le scénario est des plus indigeste. Aucun travail sur le langage ni sur la phonétique, ni sur la grammaire. Comble de tout, " La Chine est encore loin " avait raflé l'an dernier le Prix Spécial du jury lors du 15e Festival international du film méditerranéen de Tétouan (Maroc). Ce film a déjà reçu d'autres distinctions comme le Prix Spécial du jury au dernier Festival des 3 Continents (Nantes) et le Prix du meilleur documentaire au Festival international du cinéma numérique à Paris. Sorti en 2008 est déjà passé en compétition officielle à la 21e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), la même année. Malek Bensmaïl est un habitué de ce festival où il compte plusieurs distinctions dont, entre autres, " Le grand jeu ", "Boudiaf, un espoir assassiné ", " Aliénations " qui a reçu également le Grand prix des bibliothèques 2004 et " Des vacances malgré tout ", ayant reçu le prix du patrimoine 2002. " La Chine est encore loin " a fait un long périple international dense, puisqu'il était en ouverture en 2009 du Festival du documentaire arabe Dox Box à Damas (Syrie), en compétition officielle au Festival international du film de Fribourg (Suisse), à la Semaine du documentaire de Fès (Maroc) et enfin, en compétition officielle à la 9ème Documenta de Madrid (Espagne). Ce film est une chronique d'un village algérien niché dans les Aurès appelé "Ghassira". Il s'agit d'une bourgade de l'Algérie profonde qui fut un haut lieu de la Guerre de libération nationale, filmée dans sa quotidienneté, avec ses réalités et ses espoirs. Le 1er novembre 1954, près de Ghassira, un petit village perdu dans les Aurès, un couple d'instituteurs français et un caïd algérien sont les premières victimes civiles d'une guerre de sept ans qui mènera à l'indépendance de l'Algérie. Plus de cinquante ans après, Malek Bensmaïl revient dans ce village chaoui, devenu " le berceau de la révolution algérienne ", pour y filmer au fil des saisons ses habitants, entre présent et mémoire, mais aussi son école et ses enfants... Chronique d'une Algérie profonde dont la Chine, terre symbolique, semble encore lointaine. "La Chine est encore loin " est lauréat de la Villa Kujoyama à Kyoto pour l'année 2009. Né à constantine en 1966, Malek Bensmaïl réalise très jeune des essais en super 8 et obtient le premier prix national du Film amateur en Algérie. Après des études de cinéma à Paris suivies d'un stage dans les studios de Lenfilm à Saint-Pétersbourg, il consacre sa filmographie au documentaire de création, entièrement engagé sur l'Algérie. Il dessine à travers ses films les contours d'une humanité complexe : démocratie, modernité-tradition, langage, identité, société. Une volonté d'enregistrer la mémoire contemporaine et faire du documentaire un enjeu de démocratie et de réflexion. En 1996, " Territoire(s) " est un essai documentaire sur les violences archaïques en Algérie et dans le monde arabe et les violences post-modernes en Occident. Entre créations vidéo et documentaires , le film remporte quelques prestigieux prix internationaux comme le Loupbar, Prix de la meilleure découverte documentaire au Festival des Nouveaux Cinémas à Montréal ou le Prix Télévision à Avança/ Porto. " Territoire(s) " est projeté dans le monde entier. La même année, pour Canal+, il réalise un court-métrage entre fiction et documentaire, qui raconte l'autodérision des spectateurs vis à vis de la télévision unique : " Algérian TV Show ", il réalise aussi une des émissions culte " Culture Pub " sur l'Algérie.