Le programme d'adaptation aux changements climatiques en Afrique (ACCA) soutient une trentaine de projets en Afrique, dont sept en Afrique du Nord. Combien en Algérie ? Pour l'instant aucun mais nous espérons pouvoir aider, à partir du mois d'avril prochain, une équipe de chercheurs d'Oran qui travaillent sur la leishmaniose. Une des missions du programme est d'appuyer ce que nous appelons la « recherche-action ». C'est-à-dire quand les scientifiques vont au contact des populations les plus vulnérables pour comprendre leurs besoins. Sur quoi travaillent nos voisins ? Nous soutenons par exemple quatre projets au Maroc, dont un lié à la montée du niveau de la mer à Nador, près de la frontière algérienne. Un en Tunisie, comme en Algérie, sur la leishmaniose. Et deux en Egypte. Un d'entre eux porte sur l'adaptation des populations nouvellement installées dans la région d'Assouan, une zone que le gouvernement veut développer en région agricole. Les communautés doivent y relever un double défi : à la fois s'adapter au milieu et aux changements climatiques qui accentuent la sécheresse. Comment expliquer que vous souteniez si peu de projets en Algérie — et globalement du Maghreb — alors que les problèmes de vulnérabilité sont nombreux : surpâturage, érosion côtière, urbanisation des zones à risques… Tout simplement parce que nous n'avons pas reçu de projets. Attention, cela ne veut pas dire que la recherche est inexistante. Mais je crois que contrairement à l'Afrique subsaharienne, les pays d'Afrique du Nord se tournent naturellement vers l'Europe. Il y a peut-être aussi un problème d'accès à l'information ? Il faut dire que les scientifiques ne sont pas très valorisés par les décideurs politiques, donc peu incités à faire des recherches dans le sens des enjeux économiques du pays ? Sans doute les politiques doivent faire des efforts pour aller vers les scientifiques mais ces derniers doivent aussi faire de leur mieux pour apporter une réponse immédiate. Si un décideur vient consulter un chercheur sur une question pour trouver une solution à son échelle de temps, c'est-à-dire du court terme, ce chercheur ne doit pas lui répondre : « Ok, revenez dans trois ans le temps qu'on fasse une étude. » Il faut trouver une solution, imaginer une stratégie politique flexible et adaptable aux résultats des recherches. Tout celaest encore expérimental. Le programme d'adaptation aux changements climatiques en Afrique (ACCA), financé par les Canadiens et les Britanniques, vise à renforcer les capacités des pays d'Afrique à s'adapter aux changements climatiques, en impliquant les chercheurs locaux en leur facilitant la recherche sur le terrain, la formation et l'échange avec d'autres scientifiques via un réseau Internet.