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Plaidoyer pour « l'ouverture » de l'économie et pour « un débat » sur la Constitution David Welch, sous-secrétaire d'état chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord
La question fait sourire David Welch, sous-secrétaire d'Etat américain chargé des affaires du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord, en visite à Alger, ces deux derniers jours. Sa venue en Algérie en mars 2006 était intervenue à quelques jours de la visite du président russe Vladimir Poutine. En février 2008, il est revenu à Alger après une semaine du voyage du président Abdelaziz Bouteflika à Moscou. « Y a-t-il un lien ? », s'est interrogé un journaliste, lors d'une rencontre avec la presse hier au siège de l'ambassade américaine à Alger. « C'est une coïncidence », a répondu David Welch. En mars 2006, il avait eu ces propos : « J'ai demandé aux amis algériens quels étaient les résultats de la visite de M. Poutine en Algérie. » David Welch a rappelé ce qu'il avait dit à l'époque sur l'achat d'armement US par l'Algérie : « Il n'y a pas eu de demande. Si nous recevons une demande de ce genre, nous allons l'étudier. » L'ambassadeur Robert Ford prend alors la parole pour préciser que les Etats-Unis ont vendu des armes non létales à Alger sur une base commerciale en citant l'exemple des radars. « Les Etats-Unis sont leaders dans ce genre de technologie. Je le dis d'une manière objective et pas par fierté. Notre équipement fonctionne bien. Je ne serais pas surpris à ce que l'Algérie s'intéresse à ce matériel. Pour l'instant, l'Algérie demeure un petit marché pour nous », a indiqué David Welch. Les achats de ces dernières années n'ont pas dépassé les 600 millions de dollars. Les Etats-Unis, selon lui, déplorent les actions terroristes qui se sont déroulées en Algérie et soutiennent la lutte du gouvernement contre ce phénomène. « Ce phénomène se manifeste de la manière la plus violente dans les actions d'Al Qaïda. Ces terroristes essayent d'user de la religion dans le but d'un agenda politique étrange », a ajouté le numéro 2 du département d'Etat qui a parlé « d'une menace au Maghreb ». Il a confirmé la non-existence d'un accord entre Alger et Washington sur les détenus algériens de Guantanamo. Les autorités veulent-elles réellement rapatrier ces prisonniers qui ont déjà passé sept ans dans cette base sans être jugés ? « Je ne sais pas », a répondu le diplomate. « Nous avons déjà renvoyé des détenus de Guantanamo dans leurs pays. Ceux qui ont commis des crimes doivent aller en prison et ceux qui sont innocents retournent à leurs familles. Aux autorités des pays qui vont les recevoir de décider quoi faire. Nous ne demandons pas plus que d'avoir une assurance que ces personnes ne représentent pas un danger », a-t-il précisé. Interrogé sur le projet du président algérien de vouloir réviser la Constitution pour rester au pouvoir, David Welch a pris le soin de souligner que la question n'a pas été abordée lors de ses discussions avec Abdelaziz Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement, et Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères. « Nous nous intéressons à la politique de l'Algérie, pays important dans la région, avec qui nous avons une bonne relation. Ce que vous faites de votre Constitution relève de la décision du peuple algérien. Nous espérons qu'il y ait un bon débat sur les questions de ce genre », a déclaré l'adjoint de Condoleeza Rice. Le problème en Algérie est, selon lui, l'ouverture de l'économie. Ouverture qui implique « des choix difficiles » pour les dirigeants. « S'il y a ouverture du marché, cela va permettre au peuple algérien d'avoir des relations avec le monde d'une manière libre. Et bien sûr, le reste du monde aura un grand intérêt à travailler et à investir en Algérie », a-t-il appuyé. David Welch, qui a visité trois fois l'Algérie, a constaté qu'il existe des programmes ambitieux pour le développement économique et social. « S'il y a des difficultés dans un quelconque secteur, nous sommes là pour apporter notre aide. Par exemple, nous travaillons avec les Algériens pour les aider à mieux comprendre le système bancaire moderne », a-t-il dit soulignant que son pays n'est pas un partenaire économique difficile. Quant à l'accession de l'Algérie à l'OMC, il a estimé que les standards internationaux pour ce genre de démarches « sont élevés ». D'où la difficulté des négociations avant de faire partie de cette organisation. Incompréhensions sur l'objectif de l'Africom Les Etats-Unis n'ont, d'après lui, aucune réserve à ce que l'Algérie développe un programme nucléaire civil et refuse qu'on fasse une comparaison avec l'Iran. « Le gouvernement algérien est parmi les plus grands supporters d'une réglementation internationale sur l'énergie nucléaire. L'Algérie, comme l'Egypte et l'Espagne, respectent les lois de l'AIEA. L'Iran ne respecte pas ces règles », a-t-il déclaré. Selon lui, l'Iran n'a pas besoin de fabriquer son propre combustible destiné aux réacteurs atomiques puisqu'il achète en Russie. « Il y a de l'enrichissement en vue d'avoir la capacité de fabriquer des armes nucléaires. Je ne crois pas à ce que déclare le gouvernement iranien. Vous n'êtes pas obligés de me croire, demandez-leur ! Cela dit, nous ne voulons pas attaquer l'Iran, nous pensons qu'il serait mieux d'avoir une approche diplomatique », a-t-il noté. Washington a-t-il demandé à Alger de reconnaître le Kosovo indépendant ? « La plupart des pays supportent l'indépendance du Kosovo. J'ai discuté de cela avec les dirigeants algériens. Je sais que le gouvernement algérien est en train de discuter de sa position vis-à-vis de cette question. Je suis sûr qu'il va prendre en compte tous les points de vue entendus sur ce dossier y compris le nôtre », a estimé le responsable américain. Disant que son pays soutient la paix et la stabilité au Maghreb, il a qualifié la proposition marocaine sur l'autonomie du Sahara occidental de bonne idée et « d'un pas en avant » dans les négociations avec le Front Polisario. Il a estimé qu'une solution devrait être trouvée à ce conflit. « La situation est gelée depuis quelque temps. Nous recherchons une solution raisonnable à ce problème. Si une quelconque partie impliquée dans le problème a des propositions de changements, on est prêt à les considérer. Nous n'allons rien imposer. Nous voulons une solution effective et pratique au problème que les deux parties acceptent. Toute solution doit prendre en compte le peuple sahraoui », a-t-il indiqué. Selon lui, la responsabilité de la médiation revient aux Nations unies. D'après lui, les Etats-Unis seraient heureux de voir de bonnes relations entre l'Algérie et le Maroc, « deux grands pays arabes et de bons partenaires des USA ». David Welch a estimé qu'il existe des incompréhensions sur le commandement US en Afrique (Africom, basé actuellement en Allemagne). « Le but de l'Africom n'est pas d'installer des troupes ou des bases américaines sur le continent. Il s'agit d'établir de nouveaux moyens de coopération militaire. Cela revient à chaque pays de décider de cela », a-t-il précisé.