L'érosion et les aléas du temps ont fini par avoir raison des quelques dizaines d'habitations qui se trouvent sur le rivage du Lido, dans la commune de Mohammadia, plus précisément au quartier El Mokrani. Un spectacle ahurissant s'offre aux visiteurs, dès lors qu'ils tournent le dos aux devantures de ces maisons pour les voir du côté de la mer. Arrimées au rivage, ces dernières, datant de l'ère coloniale pour la plupart d'entre elles, présentent des affaissements à leurs bases, qui sont dus aux flux et reflux de la mer. Cette situation inquiétante est accentuée, cependant,,,,, par le risque imminent d'écroulement de certaines maisons dont les murs sont lézardés, les fondations découvertes et les toits effondrés.« Qu'attendent les pouvoirs publics pour entreprendre des travaux de confortement ? Peut-être attendent-ils des victimes, comme cela s'est produit à Bab El Oued ? », s'écrie Djamel, un jeune père de famille qui, d'ailleurs, durant une nuit où la mer était houleuse, s'est retrouvé à l'hôpital avec de graves blessures, suite à l'effondrement total du parterre de sa chambre emporté par les flots de la mer. Au courant de la semaine dernière, les escaliers d'une maison ont cédé sous l'effet des vagues et, n'était l'intervention des éléments de la Protection civile, les membres de la famille qui se sont retrouvés coincés à l'intérieur de la maison, auraient certainement péri sous les décombres d'une partie du toit qui s'est effondré à son tour. A quelques encablures de là, une autre maison qui abritait un couple avec enfants, s'est complètement effritée à la base, il s'en est suivi un craquèlement béant des murs et de la structure de la maison, la coupant dangereusement en deux. Lors de l'éboulement de la plate-forme, la jeune mère, qui est enceinte, est tombée dans la crevasse qui s'est formée au beau milieu de la maison ; il a fallu des efforts méritoires pour la tirer du bourbier. Son mari nous confie : « Ma femme a reçu un terrible choc, elle ne s'en est pas vraiment remise. » Et d'ajouter : « Il s'en est d'ailleurs fallu de peu pour que nous perdions notre enfant. » Les propriétaires de ces maisons vivent en fait au rythme des vagues. Dès la moindre agitation de la mer, une angoisse permanente s'installe dans les esprits, empêchant le déroulement de toute autre activité, hormis celles de la surveillance et de l'auscultation des murs. Les responsables de l'APC de Mohammadia, qui se sont déplacées sur les lieux juste avant les élections municipales pour claironner, tambour battant, des promesses, n'ont, paradoxalement, jamais remis les pieds à cet endroit. Pis encore, les responsables de la wilaya déléguée ont toujours refusé de recevoir ces citoyens, dont l'un d'entre eux aurait même été tabassé par la police à l'entrée de l'édifice. Pour s'enquérir du suivi de la situation au niveau de l'APC de Mohammadia dont dépend territorialement le quartier, les citoyens de Lido sont surpris par la réponse des élus qui « n'en savent pas grand-chose. » Il n'y a en fait aucune maîtrise du dossier et cela renseigne sur le laxisme et le laisser-aller de l'APC de Mohammadia. Pour rappel, le même problème a été soulevé des années durant dans la ville de Aïn Taya où plusieurs maisons ont subi des dégâts considérables suite à l'effritement progressif de la falaise, mais des travaux d'envergure lancés par les pouvoirs publics ont permis de stopper définitivement l'érosion maritime. Les habitants de Lido, impuissants devant la force de la nature, font appel aux autorités compétentes afin qu'elles prennent en charge ce problème avant que l'irréparable ne se produise.