Zoubaï, un hameau déserté nommé par les anciens paysans est extrêmement fertile et ses produits agricoles étaient d'une qualité exquise. Comme son nom l'indique, Zouvay signifie une variété d'olive, expliquent les connaisseurs de la langue amazigh. L'huile d'olive et le miel y étaient autrefois abondants et si purs, racontent des habitants de Zoubaï, un petit bourg haut perché sur les montagnes de Boukhelifa. A quelques tours de roues du chef-lieu de la commune Boukhelifa, où l'agriculture est le plus souvent archaïque ou carrément négligée, les paysans pleurent leur patrimoine oléicole. Pourtant, les atouts ne manquent pas. La viabilité des routes fait énormément défaut dans cette commune. « Autrefois, si vous n'arriviez pas à distinguer l'huile d'olive de Zoubaï des autres, vous n'avez qu'à la sentir pour avoir la certitude que c'est de la bonne qualité », nous dit un vieux de la région. Ces jours-ci, les oliveraies de la localité retrouvent leur charme ; tout dans un climat de convivialité et d'entraide. Cette tradition bien ancrée en Kabylie tient sa naissance des coutumes ancestrales de nos aïeuls. « Laouziaâ n'est en rien une simple action, mais une tradition que tous les paysans se doivent de resecter pour l'amorce de la saison », explique un paysan. Les huileries y sont également remises en marche. Le visiteur d'un jour peut constater, durant cette saison de la cueillette d'olives, le « retour » massif aux origines. Bon nombre des propriétaires des champs d'oliviers sont établis dans les centres urbains après avoir quitté leurs villages natals. « On ne peut pas vivre ici à Zoubaï car il n'y a pas de commodités, encore moins des établissements scolaires », a-t-on regretté. A Boukhelifa, où l'olivier est cultivé sur les adrets des montagnes, le patrimoine oléicole ne cesse de s'effriter. Hormis les oliviers hérités des ancêtres, on peut dire que l'oléiculture frôle l'extinction, encouragée par l'abandon. « Nous avons interpellé le wali, lors de sa récente visite qu'il a effectuée à Boukhelifa, sur les dégâts occasionnés par les incendies de l'été dernier », disent les agriculteurs. Aux incendies qui ont ravagé plusieurs oliviers, vient s'ajouter un autre problème : celui engendré par le projet d'implantation d'une carrière d'agrégats. « On m'a détruit des oliviers centenaires. Les travaux de réalisation de la piste menant au gisement ont tout endommagé ; y compris la conduite d'eau desservant les villages périphériques », témoignent des villageois.