Cette revue biannuelle trilingue (arabe, espagnol et français) est publiée par l'association des Amis du cinéma de Tétouan, initiatrice du Festival international du cinéma méditerranéen qui prépare sa 15e édition pour 2009. Editée avec le soutien du Centre cinématographique marocain, elle existe depuis l'année 2005 et elle en est à son quatrième numéro. Entièrement dédiée au cinéma maghrébin, elle essaye d'apporter une réflexion très élaborée sur ce qui se crée dans le domaine au Maroc, en Algérie et en Tunisie, tout en se donnant la liberté de replacer les films dans une perspective historique et sociologique. A signaler qu'il existe un film marocain intitulé aussi Wachma (le tatouage en arabe populaire) du réalisateur Hamid Bennani et qui a obtenu le Bassamat d'or lors de la 1ère édition du festival cinématographique Bassamat du cinéma de création à Rabat, en 2005. S'agit-il d'une simple coïncidence ou d'un clin d'œil de référence ? Pour les deux numéros de l'année 2008 de la revue, de nombreux articles sont consacrés au cinéma algérien. Ainsi, l'universitaire marocain El Khalifi Abdelilah traite de la production du réalisateur algérien Merzak Allouache et le regard que porte ce dernier sur la jeunesse algérienne à travers sa filmographie brillamment entamée avec le film-culte Omar Gatlato. L'auteur perçoit dans l'œuvre de Merzak Allouache une « part prépondérante du témoignage » qui s'enracine dans le vécu des Algériens et la propension de sa caméra à coller à la réalité. En effet, tous les films de ce réalisateur expriment le malaise des jeunes Algériens et la quête qu'ils mettent en œuvre pour s'émanciper des tabous politiques et sociaux. Le critique algérien et universitaire Mohamed Bensalah emmène les lecteurs dans un voyage cinématographique à la découverte du film amazigh. Pour rappel, il existe en Algérie un festival annuel du cinéma amazigh. Ce dernier est itinérant et permet à toutes les villes d'Algérie de découvrir une production assez riche dans une langue longtemps marginalisée. Mohamed Bensalah revient sur l'historique de ce festival qui en est à sa septième édition, tout en faisant l'inventaire de tous les films présentés lors de la dernière édition qui a eu lieu à Tlemcen où il a été difficile de départager les concurrents. La dernière édition de la revue donne aussi la parole à l'actrice et réalisatrice algérienne Djamila Amzal pour lui permettre de parler de ses projets artistiques. Pour elle : « la naissance du film amazigh est une véritable révolution ». Surtout quand on se souvient combien d'années a consacré Bouguermouh pour adapter à l'écran le roman de Mouloud Mammeri La colline oubliée. Le cinéma marocain n'a bien sûr pas été oublié par la revue et c'est Chergui Ameur, universitaire marocain, qui dresse pour les lecteurs un bilan critique de la production cinématographique du royaume qui a connu une relance affirmée avec la dynamisation de ce secteur au Maroc et notamment, l'adoption de mécanismes de soutien aux productions. Selon l'auteur, les films de ces dernières années sont classés en quatre catégories : les films à orientation créative, les films à orientation commerciale, les films à orientation triviale et enfin les films à orientation narcissique. En fait, ce qui est reproché dans l'article aux cinéastes du royaume, c'est de se comporter dans leurs œuvres comme certains journalistes qui usent et abusent dans leurs écrits du commentaire et de la morale. Chergui Ameur en conclut que nous sommes en présence d'une « logique bizarre » qui « a commencé à prendre les commandes du champ culturel : promouvoir des thèmes et marginaliser d'autres, soutenir et censurer, et le cinéma a souffert de cette situation ». Sans doute, faut-il convenir avec lui que le cinéma maghrébin continue de subir des blocages bureaucratiques tandis que le manque de moyens pénalise durablement son essor. Il reste que l'existence d'une publication comme Wachma est un signe encourageant, car si la préoccupation de produire dans le cinéma maghrébin est prioritaire, elle ne peut se passer de l'existence d'une critique, indispensable à l'essor du 7e art dans nos pays. Et sans supports de diffusion, la critique ne peut exister.