On devine déjà le deal : Belkhadem semble être à la recherche d'un candidat de pointure, un bon compétiteur à l'élection présidentielle d'avril 2009. Djaballah est très attaché à l'idée de se réapproprier une formation qu'il a perdue sur le coup d'une décision de justice. L'information est confirmée par l'un de ses très proches et fidèle lieutenant : Abdellah Djaballah, ancien président du mouvement El Islah, a rencontré, il y a quinze jours, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Si rien n'a filtré sur l'objet et les dessous de cette rencontre, l'on susurre dans leurs entourages respectifs que la teneur de cette entrevue est directement liée à la prochaine élection présidentielle. On devine déjà le deal : Belkhadem semble être à la recherche d'un candidat de pointure, un bon compétiteur à l'élection présidentielle d'avril 2009, qui garnirait un rendez-vous sans reliefs et sans intérêt pour la simple raison que le futur président algérien est connu d'avance. Djaballah est très attaché à l'idée de se réapproprier une formation qu'il a perdue sur le coup d'une décision de justice. Un proche du chef islamiste, qui dans une récente déclaration au quotidien El Khabar n'a pas écarté l'option d'une participation à la prochaine joute électorale, n'a pas manqué de confirmer cette tendance. Lorsque la question de savoir si Abdellah Djaballah était prêt à prendre part à une élection fermée lui a été posée, il a lâché texto : chacun a son propre objectif. Et au point où on en est, celui de Djaballah est incontestablement la récupération de son parti. Le président déchu du mouvement d'El Islah pourra-t-il reprendre l'appareil partisan qui lui a permis, aux législatives de 2002, de se placer comme troisième force politique du pays, bousculant, à l'époque, ses rivaux du Mouvement de la société pour la paix ? Ce n'est pas exclu. L'option est plus que jamais d'actualité. Djaballah peut être absout de tous ses péchés, tant la « République » a besoin de ses services. Abdelaziz Belkhadem qui nourrit à son égard quelques sympathies pourrait jouer un rôle important pour l'amener à participer à la prochaine présidentielle. Il a eu déjà à le rencontrer en 2006 malgré le tollé qu'a eu à soulever l'entrevue du côté d'El Islah. Les dissidents du mouvement confortés à l'époque par une décision de justice qui interdisait au président déchu de parler au nom du parti reprochaient au secrétaire général du FLN de vouloir réhabiliter Djaballah. Cette réhabilitation est désormais dans l'air. Djaballah qui n'a pas écarté l'idée de s'engager dans la course électorale s'apprête déjà à annoncer son retour sur la scène politique à travers une initiative qui tendrait à rassembler tout le courant islamiste. On ne le cache pas depuis quelque temps. Une source, bien informée, évoquait tout récemment qu'en haut lieu, on était à la recherche d'une candidature islamiste. Celle du président d'El Islah est, semble-t-il, la plus indiquée. Il est le mieux placé sur l'échiquier islamiste, en cela qu'il a toujours été dans l'opposition. Sa réputation d'islamiste radical lui a toujours valu un capital sympathie au sein de la mouvance. Et ce n'est assurément pas pour rien qu'il a remis sur la table, la semaine dernière, l'idée de réintégrer les responsables du fis dissous dans le jeu politique. Djaballah a visiblement un plan et ce ne sont certainement pas les partis (il est fondateur des mouvements Ennahdha et El Islah) d'où il a été chassé qui pourraient faire contrepoids. Ennahdha et El Islah, dirigés aujourd'hui respectivement par Fateh Rebaï et Djahid Younsi, sont devenus des coquilles vides. Preuves en sont les résultats qu'ils ont obtenus lors des dernières consultations électorales. Abdellah Djaballah qui avait, en 2002, déconseillé aux députés de son parti de serrer la main aux parlementaires laïcs prendra-t-il sa revanche sur ceux qui l'ont viré des formations politiques dont il a été le principal fondateur ? Djaballah sait très bien qu'au point où en sont les choses, le rassemblement du courant islamiste en prévision du rendez-vous d'avril 2009 ne pourra se faire sans lui. S'il accepte le rôle qu'on voudrait lui faire jouer, il serait le candidat tout désigné de ce courant. Et l'initiative similaire à la sienne concoctée et lancée par ses frères ennemis des mouvements Ennahdha et El Islah de Djahid Younsi s'avérerait une simple agitation sans lendemain pour la simple raison que leur poids politique est trop en deçà du service qu'ils offrent. Qui mieux que Djaballah peut-il jouer le lièvre lors de la prochaine élection présidentielle ?