Les handicapés de la wilaya de Boumerdès vivent d'énormes difficultés. Les avis des 14 728 handicapés de la wilaya convergent tous vers le même constat affligeant : « C'est une frange marginalisée, oubliée. » Les statistiques liées au nombre de personnes prises en charge sont une preuve édifiante du peu d'intérêt accordé pour cette frange dans la vie socio-économique locale. Ainsi, parmi les 14 728 handicapés que compte la wilaya, seuls 105 ont bénéficié de micro-crédits, et 18 de l'aide de l'Ansej alors que 4331 ne perçoivent aucune aide. Outre ces chiffres, les difficultés dans lesquels se débattent les associations illustrent la réalité peu reluisante des handicapés du département. En effet, depuis sa création en l'an 2000, l'association El Amel des handicapés de Baghlia n'a toujours pas les moyens nécessaires pouvant aider ses membres à s'épanouir dans la vie en exerçant leur métier, la couture, pour lequel elles éprouvent un grand amour. L'une de ses membres, Hafida nous dira : « Nous avons deux chalets comme siège avec un petit bureau et une machine très vétuste à l'intérieur. » « Il y a plusieurs handicapées qui veulent y étudier. La majorité d'entre elles sont des analphabètes et aspirent à apprendre à coudre mais faute de moyens elles sont condamnées à rester à la maison », se plaint-elle. Les réclamations de Hafida et ses amies quant à l'octroi d'autres machines n'ont pas trouvé une oreille attentive à ce jour. L'une des adhérentes de ladite association, ajoute-t-elle, est titulaire d'un diplôme en informatique et veut transmettre son savoir à ses copines mais en vain, faute de moyens et de micro-ordinateurs au niveau de leur bureau. L'association Afak de Corso qui regroupe 110 handicapés n'a que l'arme de la patience pour affronter leurs handicaps, dont certains remontent à 2004, date de la création de l'association. Son président, Mehsas Ahmed, rencontré à la maison de culture Rachid Mimmouni, nous fera savoir que son association « ne dispose même pas de siège où ils peuvent de rencontrer et se réunir ». « On nous a fait que de promesses », nous a-t-il dit avec amertume en soulevant les difficultés d'accès à L'APC et au bureau de poste de cette localité. « Pourquoi nos responsables ne prennent pas en compte les handicapés lors de l'aménagement des trottoirs et des différents travaux de construction. Nos droits sont bafoués, et on ne peut plus se déplacer en ville, ni voyager par bus ni par train ». « C'est de la marginalisation, cela sans parler du droit d'accès au travail », préconise-t-il avant d'ajouter qu'il a voulu « créer une maison de loisirs pour personnes handicapées mais les autorités refusent de les aider ». Notre interlocuteur souligne que la prime de 3000 DA qu'ils perçoivent aujourd'hui est largement insuffisante. Il réclame une prime de 18 000 DA et ajoute que certains handicapés touchent 1000 DA par trimestre et d'autres ne sont pas payés depuis plus de cinq mois. Quelques diplômés du centre de formation des handicapés de Corso relèvent les problèmes d'accès au travail après l'obtention du diplôme. « Il y a un vrai problème de recrutement. Si je savais que j'allais rester chômeur et que je ne pourrais être embauché je n'aurais jamais fait de stage », lance Belkacem, un jeune diplômé en poterie céramique en interpellant les pouvoirs publics à intervenir auprès des entreprises pour leur faciliter l'accès à l'emploi.