Les débats à l'APN ont repris hier après-midi en séance plénière consacrée à l'examen du plan d'action du gouvernement. Les interventions des élus étaient d'un niveau très faible. Hormis quelques députés qui ont porté des critiques plus ou moins pertinentes sur l'action du gouvernement et le contenu du document présenté dimanche par le premier ministre, les autres intervenants, le moins que l'on puisse dire, ont parlé pour ne rien dire. Certains ont même été ridicules, à l'image du député Lahcène Arass du FLN qui s'est donné en spectacle lorsqu'il a essayé d'expliquer à l'assistance l'origine de la crise financière mondiale. « La crise est très simple à comprendre. Elle a débuté aux USA et elle va atterrir chez nous. Cette chose (la crise, ndlr) nous devons y faire face », a affirmé M. Arass dans un arabe décousu. Cette « analyse » a fait rire tout le monde, à l'exception de Abdelaziz Belkhadem qui était « dans ses petits souliers ». Au titre des interventions relativement intéressantes, Mme Nadia Chouita du Parti des travailleurs (PT) a interpellé le gouvernement sur les problèmes auxquels sont confrontés les fonctionnaires et, plus particulièrement, ceux de la santé qui observent ces jours-ci un mouvement de débrayage. Il est aberrant, selon la député du PT, de tourner le dos à des revendications des plus légitimes des travailleurs de ce corps. S'adressant au premier ministre, Mme Chouita a dit ne pas comprendre « pourquoi le gouvernement tourne le dos aux revendications légitimes des fonctionnaires de la santé et pourquoi l'on convoque la justice pour faire taire des syndicats qui ne demandent qu'à être écoutés ». « Il est inconcevable qu'un service d'urgence tourne avec un seul médecin. La grève est un droit et l'Etat doit ouvrir les portes du dialogue », a-t-elle suggéré. Mme Chouita s'est interrogée également sur le sens à donner au refus du gouvernement de publier les statuts particuliers des secteurs qui sont déjà prêts. « Le corps de la santé souffre. Il y a 100 000 médecins qui ont quitté le pays pour d'autres cieux ; 8000 praticiens algériens se sont établis rien qu'en France. Cette situation d'exode n'inquiète-t-elle pas le gouvernement ? Il faut régler cette problématique dans l'immédiat, la fuite en avant n'est nullement le remède », a-t-elle soutenu. Le député Touhami, également du PT, a confié ne pas comprendre la stratégie du gouvernement, notamment en matière d'octroi de marchés névralgiques. Des marchés qui plus est cédés aux étrangers. « Est-il censé donner la gestion des ports à une firme de Dubaï qui a montré ses limites et qui a été chassée de plusieurs pays, notamment des USA pour mauvaise gestion ? », s'est-il interrogé. Sur le plan politique, ce dernier s'est demandé pourquoi le pouvoir n'a pas élaboré, à ce jour, une loi protégeant l'élu local. « Il est injuste de donner un salaire de 18 000 DA à un président d'APC qui gère chaque jour des millions de dinars. Il est bien beau de parler de découpage administratif mais dans certains villes, l'Etat doit en urgence créer des APC pour rapprocher les citoyens de l'administration et prendre en charge leurs problèmes », a-t-il tonné. Le député Mohamed Saïd Boubekeur du MSP a, quant à lui, mis l'accent sur la nécessité de faire appel à des compétences pour la gestion des affaires du pays. Dans ce sens, l'intervenant a plaidé pour une gestion rationnelle des chantiers encore au stade d'étude. Le député du MSP a fait part de l'échec de l'administration dans l'application des lois, ce qui l'a amené à proposer l'amendement du code de wilaya. Dans leurs interventions, des députés du RND et du FLN ont abordé les projets concernant le secteur de l'habitat, saluant les efforts déployés dans ce sens et appelant à « doter les communes pauvres de logements sociaux en vue de mettre un terme au phénomène de l'exode rural ». S'agissant du secteur de la justice, un député a proposé la création d'une « école pour la formation des avocats ». D'autres députés ont mis l'accent sur la nécessité d'accorder un intérêt particulier aux régions frontalières du pays, appelant à la création d'un « fonds national pour la promotion des régions frontalières ». Certains élus ont exprimé leur satisfaction quant à la poursuite par le gouvernement des projets lancés, mettant en exergue la nécessité de mettre à contribution les représentants de la société civile aux grands projets et les informer de tous les chiffres y afférents en toute transparence. Enfin, un député du RND a insisté sur la nécessaire « intervention de l'Etat dans la régulation du marché national », rappelant que la hausse des prix des produits importés « s'est répercutée sur le pouvoir d'achat des citoyens, y compris ceux qui ont bénéficié récemment de la revalorisation des salaires ».