Photo : Sahel Par Faouzia Ababsa Jamais un débat à l'APN n'a été de si bas niveau. Si l'on excepte quelques interventions pertinentes, toutes les autres ont eu ceci en commun : les déclarations d'allégeance. Qui n'en finissaient pas. Il s'est même trouvé des députés qui ont attribué de bonnes notes et des appréciations au président de la République, tel un maître d'école qui donne des 20/20 et des mentions d'excellence à certains de ses élèves. D'autres encore se sont découvert une âme de poète et ont fait dans la prose. Il ne manquait plus que la poésie déclamatoire. Un député s'est permis le luxe de contredire l'ensemble des analyses des experts aussi bien nationaux que mondiaux sur la crise, auxquels il reprochait de faire des élucubrations. Pendant que lui avait trouvé l'explication pour le moins vaudevillesque. Une explication qui a fait rire. Des ministres et des journalistes en sont venus à se demander, dans des discussions à bâtons rompus dans les coulisses de la Chambre basse, ce qui a pu arriver aux locataires de l'hémicycle. Ils ont regretté les deux précédentes législatures où, même si la majorité exprimait son soutien au gouvernement, elle n'en débattait pas moins politiquement des dossiers qui lui étaient soumis. L'opposition, elle, jouait son rôle de prédilection. C'est dire si les élus de l'époque étaient de véritables militants de partis. Depuis dimanche, les représentants des organes de presse étaient d'ailleurs réduits, tant ils étaient exaspérés par la tournure que prenaient les débats, à faire le pied de grue devant la porte officielle de l'hémicycle et guetter la sortie de n'importe quel membre du gouvernement, histoire d'engager une discussion, d'arracher une information. En somme, apprendre quelque chose de nouveau qui casserait avec l'ambiance régnant à l'intérieur de la salle. Les ministres s'y prêtaient d'ailleurs volontiers. Parce qu'au lieu et place de l'examen du bilan présenté par Ahmed Ouyahia, on a eu droit au lancement d'une campagne électorale avant l'heure. Ce n'est qu'hier que les responsables des groupes parlementaires ont réussi à apporter de l'eau au moulin APN. Des interventions éminemment politiques qui renseignent sur la position officielle du parti par rapport au document présenté par le Premier ministre. Lequel devra répondre aujourd'hui à certaines des préoccupations qui ont été exprimées par ceux qui prenaient leur fonction d'élu très sérieux. De la révision du code communal et de wilaya à l'amendement de la loi sur les associations, en passant par les dysfonctionnements constatés dans la mise en application du programme présidentiel, dus à l'incompétence de certains responsables locaux, Ahmed Ouyahia sera comme à son habitude très à l'aise pour en donner à chacun pour son argent. Et il est certain qu'il n'aura pas à revoir sa copie pour revenir par la suite devant la même chambre afin de la soumettre de nouveau conformément à la Constitution révisée. En ce sens qu'il n'y a pas eu de voix discordantes, d'une part, le groupe parlementaire du RCD ayant boycotté l'ensemble des séances consacrées au plan d'action. D'autre part, les députés des partis de l'Alliance (majorité parlementaire) ont donné le la à ce qui pouvait être le vote de l'APN. C'est-à-dire un plébiscite en bonne et due forme au document présenté par le Premier ministre. Lequel devra solliciter l'hospitalité du Sénat à partir de la semaine prochaine pour soumettre le même document aux membres du Conseil de la nation.