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Bachir hadj ali, mélodiste éclairé des mots
Mémoire du mandole et du sang martyr
Publié dans El Watan le 06 - 01 - 2005

En 1985, à soixante-cinq ans, Bachir Hadj Ali publie à compte d'auteur à Alger un recueil de poésie sous le titre très marquant de Soleils sonores. Le geste, en lui-même, est un défi aux forces du mal, aux vampires assoiffés du sang des innocents.
Moins de trois ans plus tard, un chahut de gamins tourne à la tragédie. P'tit Omar de La Casbah ou de Oued Koreich est cuisiné à Sidi Ferruch, et ce n'est pas par les légionnaires de Bigeard. Ce modeste ouvrage qu'aucune maison d'édition n'aura eu l'audace ni le courage de publier force le mur du silence, complice et brave l'innommable censure, rehaussé par les dessins ou reproductions de peinture de Mohamed Khadda, engagé solidaire auprès de son camarade dans un forcing contre les bâillonneurs. Cet ouvrage est un véritable chef-d'œuvre de fine poésie, toute de nostalgie et de révolte. Il se compose de trois volets d'inégales occupations d'espace textuel. Le premier, de loin le plus fourni en poèmes, soit 31 textes, s'intitule Versets pour notre siècle (pages 7 à 42). Le second comprend 17 poèmes s'intitule Offensive pour l'ombre (pages 43 à 62), le troisième intitulé Entre la tendresse et les volcans comprend 15 poèmes, dont le dernier et de loin le plus long, traite de l'art (pages 63 à 85). La thématique générale du recueil est très expressive. C'est une quête d'harmonie avec beaucoup de références aux sonorités, aux rythmes, en un mot à la musique. Mais cette musique que convoque le poète n'est pas celle d'une uniformité ou d'une monomélodie répétitive comme pour les classiques symphonies ou pour les concerti.
l'exigence d'un monde multiple
C'est une musique du souvenir, le terrible souvenir des inquisitions, des autodafés, des censures, des bûchers, souvenir de la martyre Andalousie, cette mythique terre de culture dévastée par la barbarie de la violence de bonne conscience qui sacrifia l'homme au ciel, les réalités aux mirages, les espérances aux illusions. Cette musique, cette mélodie, commence avec les Versets comme forme de psalmodies ou de litanies tragico-mélancoliques qui montent comme une prière ou une supplique pour aboutir aux déferlements des sens avec le « reggae » des Caraïbes ou la « nouba » andalouse. Ce besoin de différence, cette quête de disparité et de variables sensitives exprime en fait une revendication, par le poète, une exigence d'un monde multiple, multiforme mais non difforme, un monde diversifié mais articulé et solidaire, un monde d'affection et de passion « pour que la femme et l'homme épousent une autre vision du monde ». La quête première, celle tout autant ultime, est, bien entendu, celle de l'« accord parfait ». Et quel accord pourra être parfait s'il ne se nourrit pas d'emblée d'une « mélodie ancienne moulée, coulée dans le soudassy ». La multitude des voix conjugue les sons et fertilise les sens sur un mode silencieux de mélodies souterraines comme celles-là qui s'étaient élevées derrière les barbelés des camps de la mort et du fin fond des cachots humides des prisons qui ont traversé les indépendances pour meurtrir les martyrs d'hier, devenus les pestiférés d'aujourd'hui, les combattants inlassables et incorruptibles pour la liberté et la dignité. Rien n'entame l'ardeur du poète qui méprise la mort jusqu'à espérer le tombeau libérateur à la place de la baignoire, du casque allemand et des électrodes de la gégène. Voilà que celle-ci est exorcisée par le temps, ce sculpteur de mots, ce tailleur de mémoire, cet artisan d'épreuves. Le temps est compté en épreuves de gégène et de géhenne car dira le poète
L'aube est livrée aux chacals les officiants officient les voici à notre chevet Pour nous bercerd'illusions
(Temps de géhennes, in Soleils sonores, p. 41) Ainsi donc la musique n'est pas seulement mélodie. Elle est aussi ce cri insupportable des suppliciés morts pour de nobles causes et d'autres sacrifiés immolés pour des basses besognes et des cupides crimes contre l'humanité, dès lors qu'« elle se perd dans les méandres des cerveaux dévastés » (p. 42) Pour le poète de la générosité et de la détermination, la musique a cela de commun avec le cri du supplicié, c'est de participer « à créer une communauté élaborée » de la sainte solidarité des hommes libres. Les mots, les sons, les sens, les couleurs, les odeurs jusque celle du sang immémorial dressent un rempart contre l'« offensive de l'ombre » (p.43) que ne pourra contenir efficacement et durablement que ce fabuleux et magique « langage féérique de l'imaginaire de la mécanique du rêve des balbutiements du mandole ». Et le mandole alternant les modes, du sica au maya, du soudassy au raml, nous rappelle le poète, est l'instrument de la complicité fraternelle entre l'homme et l'outil, cette solidarité qui incite à vivre debout, les doigts incandescents de feu, le regard fier et l'œil étincelant de lumière et d'intelligence, un défi permanent aux paupières lourd des vampires.


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