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Nedjma se réveille à Marseille
KATEB YACINE REVISITE
Publié dans L'Expression le 13 - 03 - 2008

Ziani Cherif Ayad met en scène l'homme qui a fait parler les mots comme on aurait fait parler la poudre.
Kateb Yacine, c'est comme de la figue de barbarie: qui s'y frotte s'y pique. Ziani Cherif Ayad a engagé le pari de relever le défi. Le metteur en scène consacrera deux mises en espace, du 14 au 16 mars, dans la cité phocéenne, en hommage à l'enfant terrible de la littérature algérienne, en prélude à sa prochaine création qui sera consacrée au père de Nedjma.
La première mise en scène aura pour origine l'essai biographique Le Coeur entre les dents signé par Benamar Mediène, ami du poète. La seconde, quant à elle, aura pour socle Lettres à Lucette du poète militant, Bachir Hadj Ali. Un échange épistolaire entre lui et sa compagne durant son incarcération.
Deux trajectoires qui ont pour terreau commun la poésie, l'amour et la révolution. Trois piliers qui ont aiguillonné et présidé à la destinée de Kateb.
A travers son roman Nedjma, celui qui signa la naissance de l'identité algérienne, n'aura vécu qu'au regard de l'amour et de cette nation en gestation: l'Algérie.
En sa personne, l'Algérie aura tenu son Rimbaud. Kateb serait ce Rimbaud, né directement au Harrar.
A l'âge de sept ans, il compose ses premiers vers. C'est au lycée français de Sétif qu'il découvre Baudelaire, Nerval, Verlaine et la répression. Les manifestations du 8 Mai 1945, il y participe. Des milliers d'Algériens sont massacrés par la police et l'armée française. Il sera arrêté et détenu durant trois mois. Désormais, plus rien ne sera comme avant.
Dans la gueule du loup
C'est décidé, il portera le ver dans le fruit. Kateb débarque à Paris. Il n'est pas encore sorti de l'adolescence. Il n'a que 17 ans. Face à un auditoire de lettrés, il tient une conférence sur l'Emir Abd El-Kader. Il rejoint les rangs du PCA, le Parti communiste algérien. Une année plus tard, il publia au Mercure - de France, Nedjma ou le poème ou le couteau. Nedjma ne paraît au Seuil qu'en 1956. Elle fait écho à Novembre et fait parler la poudre. Tout s'embrouille. Une mère devenue folle. Un amour impossible. Au lieu de sombrer, Kateb trouve de l'énergie et sa source d'inspiration. C'est le déclic d'un fabuleux destin. Celui d'un écrivain génial au nom prédestiné: Kateb. «Je suis né d'une mère folle très géniale. Elle était généreuse, simple et des perles lui coulaient de ses lèvres. Je les ai recueillies sans savoir leur valeur. Après le massa-cre (8 Mai 1945), je l'ai vue devenir folle. Elle est la source de tout. Elle se jetait dans le feu, partout où il y avait du feu. Ses jambes, ses bras, sa tête, n'étaient que brûlures. J'ai vécu ça et me suis lancé tout droit dans la folie d'un amour impossible pour une cousine déjà mariée». Un témoignage poignant, déchirant, de celui qui se rend maître de la langue de celui qui se prenait pour le maître: le colonisateur.
Nedjma, vaste poème qui fait rassembler la mémoire algérienne en miettes. Nedjma ou l'exil. Nedjma, la femme aimée en silence. Une épreuve clandestine. Encore une. Prendre le maquis des sentiments. Celui d'un amour impossible. Nedjma ou la nation en gestation. Elle prend naissance dans le verbe éclatant. Kateb est sans aucun doute né avec l'étoile au front. Nedjma, poème lyrique, prosaïque, plongeant dans les racines de l'inconscient. Nedjma accoucheuse et mère de la littérature algérienne de langue française.
Nedjma ou la nation en gestation
La réponse du berger à la bergère. «L'usage de la langue française ne signifie pas que l'on est l'agent d'une puissance étrangère, et j'écris en français pour dire aux Français que je ne suis pas Français», dira plus tard l'auteur de Nedjma. Kateb avait-il besoin de se justifier? Une réponse à ses détracteurs sans aucun doute. Combattre l'ennemi avec ses propres armes. Nedjma aura sans conteste, précédé Novembre. Elle n'avait rien de français la femme aimée. Pas une goutte de sang.
Elle s'est fondue dans ce faisceau de lumière vers lequel tendaient les rêves les plus fous. Celui des Algériens. Un mot qui était enfoui en eux. Un mot que les premières cartouches de Novembre ont mis en orbite. Un mot dont les montagnes algériennes ont porté l'écho dans la conque d'une main. Liberté. Nedjma est née libre dans une Algérie martyrisée, violentée, colonisée. Kateb en a dessiné les contours.
«Elle n'est pas toujours domptée, les yeux perdent cependant de leur feu insensé, brusque, calme et rare Nedjma! Elle nage seule, rêve et lit dans les coins obscurs, amazone de débarras, vierge en retraite, cendrillon au soulier brodé de fil de fer, le regard s'enrichit de secrètes nuances; jeu subtil d'enfant, dessin et mouvement des sourcils, répertoire de pleureuse, d'almée ou de gamine? Epargnée par les fièvres, Nedjma se développe comme toute la Méditerranée.
Le climat marin répand sur sa peau un hâle combiné à un teint sombre, brillant de fils d'acier, éblouissant comme un vêtement mordoré d'animal, la gorge a des blancheurs de fonderie où le soleil martèle jusqu'au coeur, et le sang sous ses joues duveteuses parle vite et fort, trahissant les énigmes du regard». Nedjma, Kateb l'ausculte jusqu'au sang qui bout dans ses veines. C'est le même qui ruisselle en lui. Yacine ne pouvait l'ignorer. Nedjma la captive. Prisonnier de celle qu'il croyait sienne, il en gardera une empreinte indélébile. D'une lucidité à toute épreuve, il dira: «La francophonie est une machine politique néocoloniale». Kateb visionnaire? Proche de son peuple, il tente de traduire ses aspirations, par une oeuvre en quête d'une identité encore à achever. Il décèdera dans un hôpital français en 1989.
Par un fabuleux pied de nez à ses détracteurs, il sera enterré le 1er novembre 1989 à Alger, porté par des centaines d'admiratrices et d'admirateurs, enveloppé du drapeau national.
L'enfant terrible de la littérature algérienne est parti avec son étoile au front, Nedjma, le jour du 27e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. L'amour et la révolution, Nedjma ne pouvait mieux porter son nom.


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