Après la décision de justice de déclarer illégale la grève des médecins, le ministère de la santé passe à l'étape des ponctions sur salaire comme nouveau moyen de pression sur les grévistes. Au quatrième jour de débrayage, observé par la coordination nationale des syndicats autonomes de la fonction publique, les établissements hospitaliers ont été destinataires d'une circulaire émanant du secrétariat général du ministère de la Santé les instruisant d'opérer des ponctions sur les salaires des grévistes. « Nous avons confirmé cette information et cela s'inscrit en droite ligne dans la série d'intimidations dont font l'objet les syndicats autonomes. Il s'agit d'une mesure en totale contradiction avec la réglementation en vigueur », souligne le docteur Lyès Merabet, porte-parole de ladite coordination. Cela en expliquant que, selon une circulaire de 2004, les ponctions sur salaire sont opérées en cas de grève si aucun service n'est assuré. « le secteur de la santé ne devrait pas être concerné par une telle mesure, car le service minimum est toujours assuré, notamment au niveau des urgences », précise notre interlocuteur. UNE GRÈVE POUR LA DIGNITE Le docteur Yousfi, représentant du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique, estime pour sa part : « notre dignité n'a pas de prix. Qu'ils ponctionnent une semaine ou deux ou même un mois, cela ne diminuera en rien, ni n'altérera notre détermination à sauver la Fonction publique et la santé publique, pour garantir une meilleure prise en charge des malades. » Le docteur Merabet, qui est aussi secrétaire général du Syndicat, national des praticiens de la santé publique, a annoncé que son syndicat a donné instruction de se rapprocher des administrations hospitalières afin d'avoir la liste nominative des praticiens concernés par la défalcation sur salaire. « Nous appartenons à la fonction publique et de ce fait, toute ponction sur salaire doit être justifiée par des motifs écrits. Nous allons donc demander ces listes et exiger des justifications. Ceci nous permettra aussi de mettre la tutelle devant sa tromperie sur les 5% de suivi de la grève. Cela démontrera le vrai taux de suivi », indique le docteur Merabet. Evoquant le suivi de la grève, le porte-parole de la coordination parle de 90% de moyenne nationale de suivi de l'appel des cinq syndicats en débrayage, à savoir le Syndicat des psychologues, le Syndicat des praticiens de la santé publique, celui des praticiens spécialistes de la santé publique, ainsi que les Syndicats des maîtres assistants, professeurs et docents en sciences médicales. Les taux de suivi par région sont, à titre indicatif, de l'ordre de 90% à Alger, 95% à Tlemcen, 80% à Oran, 92% à Annaba, 85% à Tizi Ouzou et de 75% à Béchar. A signaler que la coordination a tenu hier un sit-in à l'hôpital de Beni Messous auquel ont participé des médecins des établissements hospitaliers de la wilaya d'Alger et même de l'extérieur de la capitale. Aujourd'hui, dernier jour de grève, un deuxième sit-in se tiendra à l'hôpital Mustapha après la tenue de deux assemblées générales des hospitalo-universitaires ainsi que des médecins de la santé publique.