Constantine, qui vit ces derniers mois au rythme des lancements de grands projets de développement, a été soigneusement quadrillée lundi dernier par les services de sécurité. La périphérie de cette ville considérée comme un carrefour très important à l'est du pays, grouillait ce jour-là de gendarmes et de policiers. Constantine De notre envoyé spécial Ce n'était pas en raison d'un mouvement suspect, même si au mois d'août dernier, l'antique Cirta avait connu un regain d'attentats terroristes après que deux éléments du GSPC aient été abattus dans le quartier Benchicou. Cette fois, les cibles étaient les poches de délinquance et de criminalité qui sévissent intra et extra-muros. Dans la foulée, les services de sécurité ont annoncé être à la recherche d'une quarantaine de récidivistes pour différents motifs. C'est ainsi que lundi, le groupement de Gendarmerie nationale et la direction de la Sûreté de wilaya de Constantine ont mis en commun, une nouvelle fois, leurs moyens matériels et humains pour organiser une opération coup-de-poing qui a concerné sept quartiers et cités de la ville. Appuyés par 6 groupes cynotechniques, 250 éléments des deux corps ont pris part à cette opération qui s'était poursuivie jusqu'à 20h. Des lieux jugés sensibles, comme Faubourg, Bab El Qentra, les gares ferroviaire et routière, la nouvelle ville Ali Mendjeli et Aïn S'mara ont été ciblés par d'impressionnantes rafles qui ont permis d'interpeller 770 personnes et d'en identifier 130 autres. Cette opération combinée musclée a permis, par ailleurs, aux citoyens de vivre en direct des actions d'identification et d'interpellation ; elle s'est soldée par l'arrestation de 3 personnes recherchées pour corruption et faux et usage de faux, insoumission au service national et contrainte par corps. Huit autres ont été interpellées pour port d'armes prohibées (4), usage de stupéfiants et de psychotropes (2) et immigration clandestine (2). Des amendes forfaitaires ont concerné 120 commerces et 19 retraits de permis ont été effectués le même jour. Un contrôle durant lequel le conducteur d'une Renault 4 a été appréhendé pour transport d'un quintal de phosphate sans autorisation. Nouvelle ville Ali Mendjeli, lundi 15h. Policiers et gendarmes investissent tous les coins névralgiques de cette métropole qui abrite plus de 200 000 habitants. Ce choix n'est pas fortuit : différents fléaux empoisonnent quotidiennement la vie des habitants. « C'est là que se concentrent les principaux malfrats », dit-on. « C'est là que se rencontrent les trafiquants de véhicules, de drogue... Même les atteintes à la personne sont également très répandues ici », selon un officier de la Gendarmerie nationale. Ce dernier nous annonce qu'il y a moins d'une semaine, un certain Mokhrar de Djenane Zitoune, un véritable malfrat déjà jugé 12 fois pour différents délits, a été arrêté dans les envions. Une autre affaire, qui concerne un trafic de véhicules qui touche quatre wilayas (Constantine, Skikda, Jijel et Oum El Bouaghi) est toujours en cours de traitement. C'est vers cette cité qu'ont été transférés les habitants des quartiers chauds de l'ancienne ville et, parmi eux, une frange de délinquants qui n'ont pas hésité à installer un climat de psychose parmi la population. « C'est une population méconnue, elle a toujours besoin d'un effort en matière de sécurité », selon le commandant du groupement de Gendarmerie nationale de Constantine. Krimo la terreur fait la loi Ce n'est pas là le seul quartier problématique : d'autres endroits, à l'image de Faubourg et Aïn S'mara, sont considérés comme de véritables coupe-gorges. Parmi les malfaiteurs connus, on cite Krimo la terreur (actuellement en prison), Lahaidi et Lakouza qui continuent à semer la terreur parmi la population. Les chiffres qui nous ont été communiqués montrent d'ailleurs une augmentation de la criminalité dans ses différents aspects dans cette wilaya durant les 11 mois de l'année 2008. Comparativement à l'année 2007 où il y a eu 962 arrestations, cette année 624 affaires ont été traitées, dans lesquelles 1006 personnes ont été arrêtées pour différents délits. Les crimes et délits contre les personnes viennent en premier avec 164 cas traités, suivis de crimes et délits contre les biens (78) et de falsification (58). Le trafic de véhicules ne cesse de prendre de l'ampleur à Constantine. En 11 mois, 34 affaires ont été traitées par les éléments de la Gendarmerie nationale, qui ont saisi 51 véhicules et arrêté 69 personnes, alors qu'en en 2007, seules 9 affaires qui ont été traitées. A l'instar de la plupart des wilayas de l'Est, Constantine connaît une recrudescence du trafic de drogue. 47 affaires ont été traitées et 87 personnes arrêtées cette année alors qu'en 2007, il y a eu 42 affaires et 93 arrestations. Sur un autre volet, le parc auto immatriculé dans cette ville est passé de 158 554 à 220 000 véhicules, auxquels s'ajoutent près d'un million d'autres qui y transitent. On note, à ce sujet, 533 accidents de la route enregistrés en 2008 qui ont fait 83 morts et 1037 blessés, alors qu'en 2007, il y a eu 567 accidents qui avaient fait 60 morts et 1065 blessés. Cette année, près de 3000 retraits de permis ont été effectués. « La prévention des accidents de la route passe inévitablement par l'entretien et le renforcement du réseau routier, son équipement en signalisation horizontale et verticale et l'augmentation des capacités de formation plus draconiennes au niveau des auto-écoles », estime le colonel Benaâmane. Il est vrai que la réalisation de l'autoroute Est-Ouest y contribuera énormément. Mais des 64 km qui passent par cette wilaya, pour l'instant seuls 17 km ont été réalisés.