L'OPEP a baissé son plafond de production de 2,2 millions de barils par jour à l'issue de sa conférence extraordinaire tenue hier à Oran. C'est la plus grande réduction de la production qu'elle décide lors d'une conférence. Le précédent record, qui date d'une décennie, était de 1,7 mbj. Les responsables de l'OPEP, qui avaient parlé de la nécessité d'une coupe sévère de la production, ont été suivis dans leur démarche. La veille, le consensus était visible pour une coupe de 2 millions de barils par jour. Ces derniers jours, de mauvaises nouvelles de la demande sont venues aggraver la déprime du marché. Les prévisions pour 2009 du directeur du FMI sur la possibilité d'une récession mondiale et d'un recul net de la croissance en Chine et en Inde ainsi que la révélation d'une fraude gigantesque aux Etats-Unis de près de 50 milliards de dollars opérée par un courtier ont assombri le tableau. La baisse à pratiquement zéro des taux de la Réserve fédérale ont finalement fait admettre la gravité de la situation. Les mauvaises nouvelles sont régulières et la demande en pétrole est revue fréquemment à la baisse par les institutions. Dans cette situation, l'OPEP ne peut agir que pour freiner la chute des cours. La baisse de la demande va plus vite que les efforts faits par les pays membres pour ajuster l'offre. Mais d'un point de vue pratique, l'OPEP a réussi à maintenir sa cohésion et, fait rare sinon unique, elle décide de réduire sa production de 4,2 millions de barils par jour en trois mois. Puisque si l'on ajoute à la réduction décidée hier les deux dernières de septembre et octobre qui totalisaient 2 millions de barils par jour, l'on obtient le volume de 4,2 mbj. Il y a dix ans, il a fallu à l'OPEP une année, soit quatre fois plus de temps, pour réduire l'offre de la même quantité après l'effondrement des prix à moins de 10 dollars le baril. Dix ans après, l'OPEP a réagi plus rapidement. Cette réaction est à la mesure de la gravité de la situation. Mais le plus dur reste à faire pour les pays de l'OPEP. Le plus dur sera d'appliquer les décisions de réduction et de ne pas tricher sur les quotas. Le marché semble avoir déjà envoyé un signal et la très forte réduction ne l'a pas empêché de rester impassible et d'être plus sensible à la hausse des stocks pétroliers hebdomadaires aux Etats-Unis avec un baril de brut à moins de 42 dollars, même si le brent s'est maintenu au-dessus des 46 dollars. Ce qui est sûr, c'est que l'OPEP ne peut pas espérer redresser les cours de sitôt, mais elle peut les empêcher de s'effondrer, en attendant mieux.