Comme l'ont prévu les services de la météo, les intempéries étaient au rendez-vous. De la neige, de la pluie et surtout beaucoup de froid. Il faisait un temps glacial à notre arrivée aux Douirette, petite Casbah de Blida. Cet ancien quartier paraissait vide, voire presque « mort », si ce n'est la présence des petits enfants qui venaient à peine de sortir de l'école Benarbia Chérif ex-Ouitis. Les plus jeunes ne pouvaient résister à la tentation de jouer dans les énormes flaques d'eau qui envahissaient toute la périphérie de l'établissement primaire. En longeant la rue Etienne Dinet, une des principales artères de l'ancien quartier, entamant une de ces impasses, une jeune maman qui avait ouvert la porte de sa demeure croyant à l'arrivée de son petit garçon, nous la claquera au nez, après s'être exclamée : « Qu'est-ce que vous êtes venus nous raconter encore une fois ? Vous ne faites que mentir. » La dame nous avait pris pour des représentants des autorités de la ville. Un second habitant du quartier, M. M'hamed, nous ouvrit, quant à lui, la porte et nous fit visiter l'intérieur. C'est une petite maisonnette, style mauresque composée de trois étroites chambres. « Nous sommes treize personnes à vivre dans cette demeure. Ma petite famille, celle de mon frère, ma mère et mes deux sœurs dont une est divorcée avec deux enfants », dira-t-il, en nous montrant la toiture des trois chambres, complètement abîmée. Sa mère, une vieille dame aux traits livides, nous déclara qu'elle a fait la guerre de libération et avec un peu de fureur et de déception, elle dira : « Nous apprenons souvent que le wali a visité plusieurs quartiers dans toute la wilaya, Pourquoi ne vient- il jamais nous rendre visite ? » Elle nous invitera après à voir le tas de nylon qu'ils ont placé sur le toit afin d'éviter l'effondrement de ce dernier par temps de forte pluie. Cette vieille dame n'est qu'une habitante parmi tant d'autres qui souffrent le martyre et vivent le cauchemar en ces temps d'hiver. Un peu plus haut, à la rue Bensmaya, plusieurs maisons souffrent du froid car velles ne sont pas raccordées au gaz de ville. « On est contraint d'acheter 4 à 5 bouteilles de gaz butane chaque mois. Ces dernières dont le prix est de 250 DA chacune peut atteindre le double en temps de pénurie », dira Omar, cordonnier de son métier. L'état lamentable des maisonnettes de Douirette ainsi que le non-raccordement de certains de ces quartiers au gaz de ville ne sont pas les seuls problèmes. S'y ajoutent, les nids de poule, les trous béants, le bourbier et surtout les tas d'ordures jetés ça et là qui rendent cet ancien quartier presque inaccessible aux automobilistes et aux piétons. Questionné et confronté à ce constat amer, le P/Apc de la ville des Roses, Kacem Hocine, nous dira : « Douirette est concernée par un grand projet de bitumage qui sera lancé durant le premier trimestre de l'année 2009. Cependant nous ne pouvons le faire dans l'immédiat vu que certains quartiers ne sont pas encore raccordés au gaz naturel et que les réseaux d'assainissement datent de plusieurs décennies. » D'un autre côté, M. Boudjerboua, directeur de l'énergie et des mines à la wilaya de Blida, dira que concernant le raccordement au gaz naturel, 260 familles ont bénéficié de cette commodité durant cette année et 300 autres le seront dans un futur très proche après finalisation du programme. Cependant, il restera 50 familles qui seront reléguées au programme quinquennal de 2009-2014.