Voilà enfin le chiffre qu'on attendait : « Il y aura 5000 toilettes portatives sur la route de l'investiture ! », écrit triomphalement le Washington Post, alors que la capitale frémit des préparatifs pour la gigantesque cérémonie d'intronisation de Barack Obama le 20 janvier. La prestation de serment du 44e président des Etats-Unis, premier Noir à diriger le pays, va attirer, dans un mois, des foules historiques à Washington. Entre 2 et 4 millions de personnes, du jamais-vu dans l'histoire de la capitale où résident 600 000 habitants, devraient envahir le Mall, l'immense esplanade de 3 km de long qui s'étend devant le Capitole, le siège du Parlement américain d'où, à la mi-journée, Barack Obama prêtera serment sur la Bible de respecter la Constitution. La livraison des toilettes portables fait la une des quotidiens locaux qui se perdent en conjectures pour extrapoler, d'après le nombre de latrines commandées par les autorités, le volume de la foule attendue. « Si les autorités se sont basées sur le nombre de gens attendus ce jour-là, alors on peut compter sur 1,5 million de personnes », calcule le Washington Post, qui croit savoir qu'une toilette portative est recommandée pour 300 individus. Même à un million et demi, la foule serait un record, alors qu'il faut remonter à l'investiture du président Lyndon Johnson, le successeur de John Kennedy en 1965, pour trouver un maximum de 1,2 million de personnes sur le Mall.A la façon d'Abraham Lincoln qu'il aime citer, Barack Obama arrivera le 18 à Washington en train depuis Philadelphie, où a été écrite la Constitution américaine. Dix murs d'écrans vidéo, une centaine de haut-parleurs, 8000 policiers (1000 de plus que pour l'investiture de George W. Bush) et 11 500 militaires devraient aider à canaliser la foule. Au cours de la cérémonie, Barack Obama a indiqué qu'il utiliserait son nom complet – y compris Hussein, son deuxième prénom – pour le serment. Dans le même temps, il a invité un célèbre pasteur conservateur, anti avortement et anti mariage gay, à prononcer une prière. Ce choix éclectique et parfois contesté correspond à la volonté du président-élu « d'unir » l'Amérique et de rassembler les différents courants, a-t-il expliqué. Le défilé, prévu pour durer plus de deux heures le long de Pennsylvania Avenue, l'artère qui passe devant la Maison-Blanche, devrait voir passer 15 000 personnes, 240 chevaux et plusieurs dizaines de fanfares. Le soir, une douzaine de bals officiels et des centaines d'autres vont fleurir dans les hôtels, les salles municipales et les églises. Dix mille autobus arriveront de tous le pays et les transports publics prévoient d'être débordés. Les hôtels de la région étant pris d'assaut, les habitants de Washington louent leur maison pour cette semaine historique pour plusieurs milliers de dollars.