Barack Obama a remporté hier l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine de novembre, devenant ainsi le premier noir à avoir une chance de gagner la Maison Blanche. "Cette nuit, après 54 difficiles consultations, notre saison de primaires arrive à son terme. Cette nuit, je peux dire devant vous que je serai le candidat démocrate pour la présidence des Etats-Unis", a affirmé le sénateur de l'Illinois devant devant près de 40.000 partisans en délire rassemblés dans le palais des expositions de Saint Paul (Minnesota, nord). "La route sera longue. Je fais face à ce défi avec une grande humilité et en connaissant mes propres limites. Mais je fais aussi face à ce défi avec une foi sans limite dans les capacités du peuple américain", a ajouté M. Obama. Les rivaux démocrates ont chacun remporté une des deux dernières primaires qui avaient lieu hier. Mme Clinton a remporté le Dakota du Sud (nord) avec 55% des voix contre 45% à son adversaire et M. Obama le Montana (nord-ouest) avec 56% des votes contre 41%. Sans attendre le résultat de ces deux consultations M. Obama était assuré d'avoir suffisamment de délégués pour revendiquer l'investiture démocrate. La presse américaine saluait également sa victoire historique. "Le succès d'Obama a permis au pays de franchir un pas important - un signe de progrès qui a été accompli depuis que le sénateur (Obama) est né, sur la question du racisme", écrit le Washington Post. Mais la bataille pour la nomination a aussi révélé un schisme au sein du parti démocrate au sujet des questions raciales et la résistance potentielle à voter pour un candidat noir dans certaines parties du pays qui auront un rôle important dans la campagne pour l'élection générale en novembre. Ainsi Obama fait face à un travail énorme pour unifier le parti, et il sera peut-être plus difficile de convaincre les partisans de Clinton en raison de ses performances inégales au cours des derniers mois. Il faut dire que la victoire d'Obama a brisé des barrières raciales et représente la remarquable ascension d'un homme qui, il y a quatre ans, siégeait seulement au sénat de l'Illinois. En tout cas, pour l'élection de novembre, Obama part avec des avantages évidents, il est un démocrate en lice dans un climat d'amertume envers les républicains, dans une course avec des électeurs avides de changement et il sort d'une campagne où il a rempli salle après salle. Mais, jusqu'à ce qu'il résolve la question Clinton, il sera difficile pour Obama de passer à ce qu'il voudrait désormais accomplir, se faire mieux connaître de l'ensemble de l'électorat et non seulement des démocrates, présenter sa pensée politique avant que (le républicain John) McCain ne le fasse selon son point de vue et essayer de rectifier certaines des faiblesses apparues lors du processus des primaires. Cinq conseils à l'attention d'Obama Après la victoire de Barack Obama dans la lutte pour l'investiture démocrate, Michael Tomasky lui prodigue cinq conseils dans le quotidien The Guardian : "Premièrement, il doit se redéfinir. ? Il a besoin d'un nouveau discours électoral qui lui permettra de réintroduire ses thèmes les plus forts et de répondre aux critiques. Deuxièmement, il doit définir John McCain ... Il doit le pousser sur la défensive par rapport à son soutien à la guerre en Irak. ? Enfin, il doit se réconcilier avec les Clinton et particulièrement avec les partisans d'Hillary, dont il aura grand besoin en novembre prochain. ? Quatrièmement, il doit travailler d'arrache-pied pour réunifier le parti. ? Cinquièmement, il doit pouvoir se maîtriser. Nous risquons de voir et d'entendre un grand nombre d'absurdités racistes et autres inepties d'ici les élections.