Le Sarkozy nouveau est arrivé. Le président français, ancien adepte de la « discrimination positive », continue de dynamiter la gauche en la dépouillant de tous ses thèmes de prédilection. Un mois après l'élection de Barack Obama, Nicolas Sarkozy veut donner une nouvelle impulsion à la diversité. Paris : De notre bureau Dans son discours sur l'égalité des chances, la semaine dernière, le président Sarkozy a lourdement insisté sur le caractère social des inégalités. « Répondre au défi de la diversité en recourant à des critères ethniques ou religieux conduirait à prendre le risque de dresser les communautés les unes contre les autres et enfermer chacun dans son identité et son histoire. C'est par le critère social qu'il faut prendre le problème, parce que les inégalités sociales englobent toutes les autres. Si l'on regarde comment se distribuent les inégalités, il apparaît clairement qu'en réduisant toutes les fractures sociales, on réduira du même coup toutes les fractures ethniques, religieuses et culturelles. » Le catalogue des mesures préconisées est large : développement du CV anonyme, meilleur accès des minorités aux grandes écoles, objectif qui passe par une réhabilitation du statut de boursier hérité de la IIIe République. Pour accompagner ces mesures, Nicolas Sarkozy a nommé Yazid Sabeg, grand patron français d'origine algérienne, commissaire à la diversité et à l'égalité des chances. Désigné, il y a quelques mois, à la tête de l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU), l'ancien enfant de Lille n'a pas ménagé ses critiques sur l'absence de politique gouvernementale vis-à-vis des quartiers sensibles. « Le plan de Fadéla Amara ne répond ni aux enjeux de l'heure ni aux ambitions qu'on doit avoir ». Pas rancunière, la secrétaire d'Etat à la ville abonde même dans son sens et s'en prend à une « certaine élite ». « Entre le discours politique et les rouages administratifs, nous avons une certaine élite politique qui a pris de mauvaises habitudes et qui fait qu'il y a un certain conservatisme qui existe, qu'il faut booster, pousser, de manière à ce que, de plus en plus, on accélère. Avec le discours du président de la République, y compris dans la nomination de Yazid Sabeg, c'est le métissage qui est le défi du XXIe siècle », se réjouit Fadéla Amara. Patron atypique Aîné des treize enfants d'une famille algérienne émigrée à Lille dans les années 1950, Yazid Sabeg est un patron atypique. « Etre républicain et musulman : c'est son obsession, sa quête », raconte au Monde Benjamin Stora, qui a rencontré Yazid Sabeg à Guelma, lors d'une des cérémonies annuelles organisées en hommage aux morts du printemps 1945. « Les massacres d'Algériens, aujourd'hui, tout le monde s'en fout, y compris les Algériens. J'ai été surpris de voir cet homme, un patron, un type riche, qui vit en France de surcroît, faire le voyage de Guelma par respect pour ces morts. » Au lendemain de l'élection de Barack Obama, Yazid Sabeg a lancé lui aussi son ‘'Yes we can'' (oui nous pouvons). Dans son Manifeste pour l'égalité réelle, lancé le 8 novembre, il demande, entre autres, de « systématiser les politiques volontaristes de réussite éducative et la promotion des talents dans les quartiers populaires ». Le manifeste, qui a eu le soutien de la première dame de France, souligne que « l'élection de Barack Obama éclaire par un contraste cruel les manquements de la République française et l'écart d'un pays dont les citoyens ont su dépasser la question raciale et élire pour président un homme qui se trouve être noir ». La nomination de l'ancien fils de manutentionnaire algérien a trouvé un bon écho auprès des politiques. La gauche, elle, s'en prend à la politique spectacle. Razzy Hammadi, secrétaire national PS, note que le discours « relève de la com, du saupoudrage et de la récupération flagrante d'un pseudo effet Obama au profit d'une politique qui accroît les inégalités entre les riches et les pauvres ». « Le CV anonyme est une mesure injuste, qui ne règle rien. Je ne vois pas pourquoi lorsqu'on exige son droit, il faille cacher son identité. On demande à une partie de la population de cacher son identité, mais le racisme se combat pénalement, pas par le camouflage des causes qui lui permettent de s'exprimer. » La droite a la répartie facile. Le dernier gouvernement socialiste était composé majoritairement de quadras blancs.