Le secteur des assurances en Algérie sera étoffé par l'arrivée des nouveaux assureurs étrangers, notamment français en 2009, a révélé, hier, M. Amara Latrous, président de l'Union algérienne des assureurs et des réassureurs (UAR), lors d'une conférence de presse organisée au siège du Conseil national des assurances (CNA) à Alger. « Notre marché est convoité par des compagnies d'assurances étrangères qui sont en train de penser à s'installer chez nous (…) Cela va booster le marché et permettra d'augmenter nos capacités en matière de chiffre d'affaires », ajoute-t-il. Le secteur des assurances en Algérie compte une douzaine d'assureurs agréés, 450 agents généraux et 25 courtiers. Abondant dans le même sens, Abdelmadjid Messaoudi, secrétaire permanent du CNA, a indiqué que « les investisseurs étrangers qui vont venir en Algérie ont une stratégie à moyen terme ». Présentant la note de conjoncture du marché des assurances, M. Messaoudi a déclaré que le chiffre d'affaires du secteur a atteint 38 milliards de dinars (hors acceptations internationales de la CCR) au premier semestre 2008, contre 29,3 milliards de dinars à la même période 2007, soit une augmentation de 29,8%. Il faut noter que les branches incendies, accidents et risques divers (IARD) et automobile partagent les 42% de la production totale, alors que l'assurance transport et celle des personnes ne produisent que 6,7% chacune. L'assurance agricole et l'assurance crédit caution restent très marginales représentant respectivement 0,8% et 1,2% de la production globale. M. Latrous, également PDG de la SAA, prévoit, par ailleurs, un chiffre d'affaires de 65,8 milliards de dinars à fin 2008. Cependant, il a indiqué que le marché national des assurances est loin derrière ceux de la Tunisie et du Maroc. « Nous sommes victimes du faible niveau de notre monnaie », regrette-t-il. M. Messaoudi dira que « cette croissance est due à des facteurs exogènes liés au boom du parc automobile et à la multiplication des investissements publics ». Il a déploré que les professions libérales soient « très peu assurées ». Abordant les inondations de Ghardaïa, M. Latrous a fait savoir que 90% des victimes ont été indemnisées, non sans exprimer son « amertume » quant à la générosité de l'Etat-providence. « On ne peut pas reprocher à l'Etat de faire son devoir d'indemniser les sinistrés. Mais, on se doit de faire un travail de vulgarisation pour mettre l'accent sur l'intérêt des personnes à s'assurer », dira-t-il. L'Algérien consacre seulement 17 dollars pour les besoins de l'assurance, alors que les citoyens dans d'autres pays consacrent plus de 2000 dollars pour s'assurer, relève M. Latrous qui n'a pas manqué d'appeler les compagnies d'assurances nationales « à faire plus d'efforts et aux citoyens d'assumer leur irresponsabilité ». Sur la question de la crise mondiale, le secrétaire permanent du CNA a souligné que le secteur des assurances est relativement à l'abri des effets de cette crise, car il existe, selon lui, « un renchérissement de la réassurance mondiale ». Interrogé sur les lenteurs dans les délais d'indemnisation qui atteignent parfois des mois, si ce n'est des années, M Latrous a déclaré que les compagnies d'assurances seront soumises au respect des délais contractés avec les assurés sous peine de verser une indemnité complémentaire. « Les assureurs n'ont pas intérêt à garder les dossiers en suspens », a-t-il fait valoir. Selon une représentante de la CNA, les délais d'indemnisation ont été ramenés de 38 à 15 mois, en vertu d'un programme de réduction des délais d'indemnisation. A la question de la prévalence « d'abus d'influence » de certains employés, le président du l'UAR, reconnaissant ce fait, a noté que « ces cas ne devraient pas ternir l'image des assurances », en révélant que des cas d'escroquerie commis par des citoyens sont entre les mains de la justice.