Vent d'inquiétude chez les assureurs algériens. « Environ 18 milliards de dinars ont été directement consacrés en 2009 à l'assurance automobile obligatoire. Les compagnies d'assurances sont déficitaires sur ce volet », a alerté, hier Lamara Latrous, président du l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR), lors d'un point de presse organisé à Alger. Aujourd'hui, les assureurs réclament la révision à la hausse de la tarification relative l'assurance automobile obligatoire. « Lorsqu'une compagnie encaisse en assurance automobile obligatoire 150 DA de primes, elle paye en conséquence 270 DA au titre de l'indemnisation des sinistres. La prime moyenne de l'assurance obligatoire automobile représente aujourd'hui 15 euros par an. Il n'y a pas, à ma connaissance, un pays dans le monde où un client paye seulement 15 euros pour l'assurance automobile obligatoire couvrant les risques d'une année », explique-t-il. L'UAR avait déjà demandé, par le passé, à l'autorité de régulation des assurances, placée auprès du ministère des Finances, de « rétablir le déficit technique ». Requête restée lettre morte, selon M. Latrous. Egalement PDG de la SAA, M. Latrous déplore encore l'insuffisance de l'augmentation de 20% consentie en 2007 sur deux ans par les pouvoirs publics. Selon lui, les assureurs sont dans l'expectative. « Les responsables des compagnies d'assurances sont inquiets par rapport au déséquilibre technique lié à la prise en charge de l'assurance automobile. Sans l'augmentation de la tarification, on ne peut pas continuer à supporter ce déficit », avertit-il. Aussi, l'augmentation du niveau du SNMG va aggraver de 25% le coût de la sinistralité dûe aux accidents de voiture, prévient le président de l'UAR. D'ailleurs, un autre intervenant est alarmiste : « Au rythme où vont les choses, les assureurs vont droit vers le mur. » Petite consolation : la création prochaine du fonds de garantie des assurances auquel échoit la mission, selon Abdelhakim Bouabdellah, secrétaire du Conseil national des assurances, de prendre en charge des contrats d'assurances en cas d'insolvabilité des assureurs. S'agissant de la décision des pouvoirs publics de revoir à la hausse le capital social minimum des sociétés d'assurances et/ou de réassurances, le président de l'UAR n'y trouve aucune contrainte : « Cette augmentation du capital va renforcer les capacités financières des compagnies d'assurances. C'est un sacrifice qui va dans l'intérêt des assureurs », indique M. Latrous, en estimant que l'ensemble des assureurs est dans les délais (avant 2011). Certains représentants de compagnies d'assurances ont souhaité la prolongation du délai en le portant à trois ans, alors que M. Bouabdellah avance que les capacités financières de certaines compagnies risquent de poser un problème de taille. Par ailleurs, le secteur des assurances a réalisé un chiffre d'affaires de 17,2 milliards de dinars au3e trimestre 2009 contre 13,1 milliards de dinars durant la même période 2008, soit une évolution de 31,1%. L'UAR table sur des prévisions de clôture de l'ordre de 76 milliards de dinars fin 2009.