L'environnement des affaires et de l'exportation n'est pas incitateur. L'Algérie n'a pas une culture d'exportation. Il n'existe pas un accompagnement des exportateurs. La mise à niveau n'est pas suffisante. » Celui qui parle ainsi est Mohamed Benini, directeur général de l'Agence nationale de promotion des exportations (Algex). S'exprimant à une table ronde organisée hier au centre de presse d'El Moudjahid, M. Benini a dressé un tableau critique des exportations hors hydrocarbures. « Même si l'Algérie réalisera un chiffre de 2 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures à la fin 2008, il ne faut pas se tromper », car selon lui, « ces statistiques sont gonflées par un glissement monétaire ». M. Benini s'est même permis une autocritique franche de l'agence qu'il dirige. « Algex n'est pas suffisamment efficace. D'ailleurs, elle n'a pas participé depuis 4 ans au concours international des agences d'exportations dans le monde pour la simple raison qu'on n'a pas apporté la preuve de notre efficacité », a-t-il déploré, rappelant que l'Algérie participe seulement à 10 foires internationales, alors que certains pays participent à 60 et 100 foires de haute facture. également relevé une contrainte de taille, celle de l'augmentation, selon lui, « constante et inquiétante des importations en volume et en valeur ». « Nous importons 35 milliards de dollars alors que ce chiffre était de 10 milliards de dollars il y a dix ans (…) Nous importons aussi 250 millions de dollars de produits énergétiques, alors que nous sommes un pays énergétique », dira-t-il. Cela étant, le DG d'Algex plaide pour une mise à niveau des PME-PMI et l'ouverture des administrations économiques (banques et douanes) pour les entreprises exportatrices. « Il faut un soutien de l'Etat pour que la mise à niveau soit aux normes internationales », souhaite-t-il. Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif pour la promotion des PME, qui a annoncé, pour sa part, la tenue fin janvier prochain des assises nationales des PME-PMI, a mis l'accent sur la nécessité d'une « volonté politique » de faire sortir le secteur des PME de l'ornière. « On n'a pas le temps de philosopher. Sans un acte politique, les décisions qui en découleront ne serviront à rien », prévient-il. Kara Nacer Eddine, président de l'Association des exportateurs algériens, revendique, de son côté, de vive voix, la tenue « des assises de l'exportation, la mise en place d'une diplomatie commerciale et d'un lobbying de la diaspora algérienne ». « Les exportateurs considèrent que beaucoup reste à faire (...) Le Conseil national de l'exportation ne s'est pas tenu depuis mai 2007 et nous souhaitons que les recommandations faites depuis dix ans soient mises en place à travers la possibilité aux exportateurs de faire de la prospection à travers le Fonds spécial pour la promotion des exportations (FSPE) », concède-t-il. Abordant, par ailleurs, la conclusion de l'Algérie sur divers accords de libre-échange, M. Benini a appelé de ses vœux à la mise sur pied de « balises », afin de prémunir le marché national des produits d'origine non arabe, qui pourraient, selon ses propos, « se faufiler vers notre le marché » en vertu de l'accord de la zone arabe de libre-échange (ZALE). Lui emboîtant le pas, M. Bensaci affirme « redouter » la manière avec laquelle les textes seront appliqués. « Comment définir qu'un produit est d'origine tunisienne ou pas », s'interroge-t-il, déplorant dans la foulée la non-labellisation des produits algériens. Il a appelé à la mise en place d'unités de sous-traitance dans le secteur des PME-PMI.