À un an environ de la fin de son second mandat, George Bush sort la carte du conflit israélo-palestinien pour atténuer les conséquences désastreuses de sa “guerre en Irak”, dont la principale conséquence aura été de faire de la région un centre de production d'intégristes et de terroristes. Mettant les bouchées doubles, les Américains pressent depuis hier Palestiniens et Israéliens de faire davantage de concessions, dans la perspective de réussir cette conférence, dont le meilleur résultat serait l'entame de négociations sérieuses entre les parties concernées. Les négociateurs israéliens et palestiniens se réunissent sans interruption depuis dimanche à Washington avec la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, laquelle cherche à leur arracher coûte que coûte un accord sur une plate-forme commune avant la réunion d'aujourd'hui à Annapolis. Ce rendez-vous a pour but de donner le coup d'envoi de négociations sérieuses visant à terme à la création d'un Etat palestinien indépendant cohabitant pacifiquement avec son voisin israélien. Après sept années de négligence totale de ce conflit, l'administration Bush, qui s'était essentiellement consacrée à l'Irak et plus récemment au dossier nucléaire iranien, tente maintenant de faire diversion, dans l'espoir de finir en beauté sa présence à la Maison-Blanche. L'objectif non avoué de la conférence d'Annapolis est d'atténuer les conséquences catastrophiques de la guerre en Irak, qui a rajouté de l'huile sur le feu dans cette région, connue pour être une véritable poudrière, et qui n'avait pas besoin de plus de violence. En effet, constatant que la politique américaine au Moyen-Orient a considérablement renforcé le sentiment d'antiaméricanisme, déjà fortement présent chez les peuples de la région, George Bush tente d'y remédier à l'approche de la fin de son règne, marquée par l'usage de la force. D'ailleurs, il menace d'y recourir encore contre l'Iran, pour soi-disant l'empêcher d'acquérir l'arme nucléaire. C'est le “chef de guerre” qui s'attelle désormais à instaurer la paix à la hâte entre Israéliens et Palestiniens, alors qu'ils n'arrivent même pas à s'entendre sur un communiqué commun devant sanctionner le “show” d'Annapolis, tant les premier nommés ne sont nullement disposés à faire de réels concessions pour parvenir à une paix juste et durable. Israël continue à vouloir la terre et la paix à la fois, en violation de la légalité internationale, avec le soutien de l'Occident, d'une manière générale, et des Etats-Unis en particulier, dont il constitue le principal allié dans la région. Alors qu'ils ont tout pris aux Palestiniens, les Israéliens sont là à leur réclamer d'autres concessions, qui réduiraient à néant les fondements essentiellement de la cause palestinienne. Les Palestiniens ont apparemment compris qu'il ne faut pas attendre grand-chose d'Annapolis, comme l'indique cette déclaration de Nabil Chaâth, le conseiller politique de M. Abbas, lequel a affirmé qu'“Annapolis sera une opportunité de remettre le conflit israélo-palestinien sous les feux des projecteurs. Nous ne nous attendons à rien de plus qu'une reprise immédiate des négociations”. Mahmoud Abbas et Ehud Olmert, le premier ayant été affaibli par le coup de force des islamistes du Hamas qui ont pris le contrôle de Gaza et le second par les ratés de la guerre au Liban à l'été 2006 et des affaires de corruption qui l'éclaboussent, espèrent sortir renforcées de cette conférence de paix, que certains n'ont pas hésité à condamner à l'échec, tellement les positions des deux parties en conflit demeurent toujours aux antipodes les unes des autres. K. ABDELKAMEL