Difficile ont été les jours du festival national de la musique et de la chanson amazighes qui s'est clôturé jeudi dernier à Tamanrasset. Mais plus difficile encore a été le séjour des journalistes obligés de faire le pied de grue à l'aéroport Aguenar/Hadj Akhamok de Tamanrasset avant de se voir signifier qu'ils ne peuvent « rejoindre le Nord », la commission du festival n'ayant pas prévu de « faire embarquer » les participants au lendemain de la clôture du festival. Tamanrasset : De notre envoyé spécial Certains participants n'ont pu monter dans l'avion à destination d'Alger que grâce à un concours de circonstances. Moins lotis, les journalistes de la presse écrite se sont retrouvés « retenues » sur place dans l'attente qu'une place soit libre dans des les rares avions qui atterrissent sur le tarmac de l'aéroport. Le jury du festival n'a pas eu la tâche facile et cela leur a été difficile de « satisfaire » tout le monde. Aucune distinction n'a été à cet effet établie entre les lauréats. Le prix du meilleur groupe moderne a été décerné aux troupes Dihia, Itran Ahaggar et Eclipse. Par leur manière de jouer, ces groupes avaient pu « damer le pion » à leur concurrents. « Ces groupes manquent pourtant de formation, d'où la nécessité d'ouvrir des école et de multiplier ce genre de rencontres », soutient Bazou, président du jury et musicien émérite. Igudar et Tassili ont été classés meilleurs groupes traditionnels. Le prix du meilleur instrumentiste est revenu à Djamel Ben Boucherit, joueur virtuose de nay, et qui a pu « supplanter » son concurrent venu de Jijel qui joue à merveille de la flûte traversière, reconnaît Bazou. « Le choix a été difficile mais l'on a préféré retenir le musicien venu de Bordj Bou Arréridj qui a excellé par sa manière de jouer d'un instrument traditionnel qu'est le nay. Cette manière de faire se perd alors que le moderne a ses écoles de formation et il n'est pas rare de voir émerger du lot un instrumentiste éprouvé », assure Idir Ammour, membre du jury. Moncef Harrat du groupe Dihia, Mohamed Abd El Ali et Djema Hoggas de Tamzaont été sacrés meilleurs voix. Le jury a décidé de décerner un prix d'encouragement à Fatima Belhadja et un prix d'honneur à un chanteur professionnel du cru, Abdellah Mesbahi du groupe Tassili. Des groupes participant ont pu exprimer bruyamment leur mécontentement du « dosage » fait expressément par le jury distrait et manquant souvent, déplorent-ils, de discernement. Des reports et des imperfections ont fait que le passage de certains groupes sur scène n'a pu se dérouler normalement, reconnaissent des membres du groupe Chachnaq de Azzazga (Tizi Ouzou) qui font remarquer que les troupes amatrices en compétition n'ont « servi que de faire-valoir et de cache-misère ». Les membres du groupe de Jijel reconnaissent que la décision prise par le jury de les disqualifier était « injuste et disproportionnée ». « L'effort fourni par les groupes est tel que les organisateurs, qui ne se sont manifestés qu'à la fin en nous envoyant un comptable devaient avoir plus de retenue », reconnaît un membre d'une autre troupe venue de Boumerdès. Le gala de clôture animé par Lounis Aït Menguellet a été l'occasion pour le public d'apprécier ses quelques chansons tirées de son répertoire ancien. Les « années d'or » ont été revisitées sans que des chansons beaucoup plus récentes soient « passées à la trappe ». Du renfort a été nécessaire pour permettre un déroulement serin du concert attendu par les habitants de Tamanrasset où Aït Menguellet est venu en 1984. Les accès du théâtre et de la scène étaient barricadés. « On s'y est pris ainsi pour éviter, relèvent les organisateurs, tout débridement. » Des scènes d'hystérie, le théâtre communal, trop exigu, en a connu le long du festival qui a échappé à des organisateurs qui manquaient de cran.