Le clou du spectacle de cet événement, et tous les participants en conviennent, sera le passage toujours remarqué de Lounis Aït Menguellet sur la scène du théâtre communal. Combien fut la surprise du chanteur de trouver des parents qui ont fait souche sur cette lointaine terre des Touaregs. Tamanrasset : De notre envoyé spécial Ce parent, présent à Tam depuis plus de 30 ans, « est, comme il nous l'affirme, artiste à ses heures ». Dans la même veine que le fils prodigue d'Ighil Boumas, le jeune, habillé de la tenue locale, est apprécié par la population targuie. Toujours plaisant et d'un abord facile, Aït Menguellet est très près de ses admirateurs qui, eux, sont ravis de la présence de leur idole. Même le chanteur chaoui, Katchou, nous a assurés qu'il voue un grand respect pour le musicien avec lequel il devait participer à un festival tenu à l' Office Riadh el Feth, au début des années 1990. « Aït Menguellet, comme je l'ai su plus tard, a salué ma venue ; j'en suis toujours touché. Mais je n'ai pu assister à cette rencontre des artistes du terroir pour une raison dont je ne me rappelle plus », raconte Katchou. Plusieurs groupes se sont relayés sur la scène quelque peu exiguë de la salle de spectacles de la maison de la culture. Reports répétés à cause de la mauvaise sonorisation et des conférences pas toujours à la hauteur ont marqué ce festival qui a le mérite d'exister. Aït Menguellet et Djamel Allam se sont rencontrés pour leur part, ils se sont retrouvés avec des journalistes de la presse nationale à l'hôtel Tahat, où est descendu le gros des membres de la délégation. Les deux artistes, qui ont fait leur entrée dans les studios d'enregistrement presque à la même période, se sont efforcés de faire un constat sans complaisance de la chanson amazighe dont ils sont les illustres représentants. Amers, les deux artistes kabyles, le sont assurément. « L'artiste n'a pas tous les droits qui lui permettent de jouer son rôle pleinement et sans dépendance à une quelconque chapelle. « Les contraintes existent toujours », se désolent-ils. « Le statut de l'artiste est inexistant et, de ce fait, l'artiste n'a pas droit aux assurances et possède encore moins de carte professionnelle », relèvent en substance les chanteurs, eux aussi concernés par cette tendance générale malgré la stature acquise depuis longtemps. Sur l'état actuel de la chanson kabyle, les deux invités vedettes du festival soulignent qu'un recul est perceptible mais il y a des groupes qui sont toujours là pour perpétuer la tradition. Sur la présence des artistes, ils reconnaissent qu'il y a eu des moments forts mais aussi des bévues d'une organisation irréfléchie. Faut-il rappeler que la ministre de la Culture devait inauguré le festival, le 25 décembre dernier, mais des « contraintes d'agenda » ont rendu impossible sa présence à Tamanrasset. Le passage de Djamel, jeudi dernier, n'a pas été facile et la même appréhension se lisait sur les visages des musiciens d'Aït Menguellet, face à un public jeune et exubérant. Lounis est venu en 1984 à Tamanrasset où il compte de nombreux « aficionados », il n'y est revenu qu'à l'occasion de ce festival. Preuve de l'intérêt des autochtones pour le poète est que le livre de ses poèmes chantés depuis le début de sa carrière s'est bien vendu. Aït Menguellet dira qu'il ne maîtrise pas la langue arabe ; mais heureux que « les lecteurs soient satisfaits ». Un poème inédit a été rajouté à ce recueil. Selon un proche de l'artiste, le peintre de l'Ecole Aouechem, Denis Martinez, lui aurait demandé de composer un poème dont le sujet est l'abeille. « Aït Menguellet fait ses chansons à l'instinct, sans que personne le contraigne à faire de poèmes sur commande. C'est donc la première fois qu'il s'y met », note-t-il.