De notre envoyée spéciale à Tamanrasset Karima Mokrani Rencontre avec les chanteurs Lounis Aït Menguellet et Djamel Allem à l'hôtel Tahat de Tamanrasset à l'occasion du 1er Festival national de la chanson et de la musique amazighes. Les deux artistes, grands défenseurs de la chanson et de la culture amazighes, affirment leur satisfaction de prendre part à cette manifestation abritée par une wilaya du Grand Sud. En fait, le choix n'est pas fortuit. «Le targui est la source de toute la culture amazighe. Nous sommes chez nous ici», affirme Djamel Allem. «Il est tout à fait normal qu'on aboutisse à l'organisation de ce Festival national. C'est inéluctable. Ce n'est pas la décision d'une seule personne mais le résultat d'un travail acharné d'un ensemble d'individus engagés dans la défense de la culture amazighe», renchérira Aït Menguellet. Concernant les problèmes d'organisation, Djamel Allem dira pour sa part : «Cela va s'améliorer avec le temps. L'essentiel est que le premier pas ait été fait.» Interrogé sur la chanson et les chanteurs actuels de la langue amazighe, Aït Menguellet s'est montré positif : «La chanson amazighe suit son bonhomme de chemin. Il y a du bon et du moins bon. Et c'est tout à fait normal. Nos chanteurs évoluent à leur manière.» Abondant dans ce sens, Djamel Allem revient sur la nécessité de former les jeunes artistes : «Il faut ouvrir des conservatoires, des bibliothèques, des musées…» Le chanteur estime toutefois que c'est essentiellement grâce à l'effort personnel de chaque artiste, amateur ou professionnel, que la réussite est possible : «Il faut voyager, sortir, découvrir d'autres horizons. Il faut avoir un maximum de contacts… Il faut surtout être curieux.» Revenant sur le statut de l'artiste qui tarde à voir le jour, les deux hommes estiment qu'il n'y a pas de volonté politique réelle à la satisfaction de cette revendication qui date de plusieurs années. C'est la même chose en ce qui concerne la carte de l'artiste pour laquelle les critères de livraison ne sont pas clairs. Pour ce qui est des droits d'auteur, le problème est encore plus grave, même si le phénomène est à une échelle mondiale : «Le piratage se fait au vu et au su de tous, mais la mission est difficile et les pays les plus forts dans ce domaine n'ont pas pu le maîtriser», a dit Aït Menguellet.