6500 réservistes israéliens appuyés par des chars s'apprêtent à envahir Ghaza et terminer leur sale besogne. Comble de l'ironie. C'est à partir d'une capitale arabe, Le Caire, que le destin tragique des Palestiniens de la bande de Ghaza fut scellé. La ministre israélienne des Affaires étrangères, en visite en Egypte, avait annoncé, jeudi dernier, des représailles contre le mouvement Hamas qui contrôle la bande de Ghaza depuis le mois de juin 2007. «Ça suffit! La situation va changer», avait averti Tzipi Livni. Elle s'est adressée en ces termes à Hosni Moubarak au cours d'un entretien. Quelle a été la réponse du président égyptien? «Le président Hosni Moubarak a dit clairement qu'il ne devait pas y avoir de punition collective», a confié le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmad Aboul Gheit. Une réponse qui laisse, pour le moins, perplexe et qui ne fait aucune place au doute: l'Egypte a été mise au parfum de l'agression militaire israélienne contre la bande de Ghaza. «L'Egypte a clarifié qu'Israël devait montrer de la retenue...», avait poursuivi le ministre égyptien des Affaires étrangères. L'action a-t-elle été concertée au point d'être planifiée par les deux parties? Les préoccupations des Egyptiens et des Israéliens sont à mettre dans le même panier, si on en croit les déclarations de la ministre israélienne des Affaires étrangères. «L'emprise du Hamas sur la bande de Ghaza n'est pas seulement un problème israélien. Nous comprenons les besoins de l'Egypte, ce que nous faisons est une expression des besoins de la région», avait tenu à souligner Tzipi Livni. Le Guide de la Confrérie des frères musulmans en Egypte est, quant à lui, affirmatif: «Je mets également en cause l'Egypte. Tzipi Livni était au Caire et elle a aussi annoncé exactement ce qui allait arriver», a révélé Mohamed Mehdi Akef qui a qualifié de «crime sans aucune comparaison dans l'histoire» les bombardements de l'aviation israélienne qui ont fait, à l'heure où nous imprimons, près de 300 morts en 24 heures. Etrange avatar de l'histoire. Où est passé ce temps où les dirigeants arabes vibraient rien qu'à l'évocation de la cause palestinienne? Cette terre de Palestine dont les fils, après avoir été chassés, sont aujourd'hui tirés comme des lapins. Un génocide. Un crime contre l'humanité. Les chars israéliens sont aux portes de Ghaza. Le camp de Jabaliya, Khan Younès ainsi que le secteur de Rafah subissent un déluge de bombes. L'opération «Plomb durci» est d'une violence inouïe. C'est, sans aucun doute, la plus meurtrière depuis l'occupation, en 1967, des territoires palestiniens par l'Etat hébreu. L'étau se resserre sur Ghaza. 6500 réservistes ont été mobilisés. L'offensive terrestre semble imminente. Plusieurs chars ont été massés à la frontière nord, pas loin du point de passage d'Erez. Des soldats se sont positionnés avec armes et bagages. Des tentes sont installées. Le siège peut commencer. Des voix s'élèvent, à l'instar de celle du guide de la Révolution libyenne qui appelle les pays arabes à adopter «une position concrète et ferme pour stopper cet acte barbare, nazi et fasciste, y compris le retrait de l'initiative de paix arabe pour le Proche-Orient», selon un communiqué du ministère libyen des Affaires étrangères à Tripoli. Les pays arabes semblent être impuissants. Ils n'ont aucune maîtrise sur l'événement. Et ce n'est certainement pas Ehud Barak qui prêtera une oreille attentive à leurs «injonctions». «Un Sommet arabe extraordinaire aura lieu vendredi à Doha pour discuter des moyens de stopper les attaques israéliennes contre Ghaza», nous fait savoir un communiqué de la Ligue arabe. Le Conseil de sécurité de l'ONU a, pour sa part, demandé l'arrêt immédiat de toutes les activités militaires dans la bande de Ghaza. L'ambassadeur de Croatie, Neven Jurica, président en exercice du Conseil de sécurité, a appelé à l'arrêt immédiat de toute violence, à l'issue d'une réunion d'urgence. Les déclarations pleuvent mais elles ne sont d'aucune efficacité. Elles sont inoffensives, au contraire des bombes qui pleuvent sur Ghaza.