Le destin inexpliquable de cet homme l'intéressait au plus haut point. Au dernier Festival de Dubaï, Oliver Stone, qui a réalisé des films remarquables JFK, Platoon entre autres, était venu présenter en ouverture son dernier opus : W, une fiction de 130 minutes en version originale sous-titrée en arabe, où les rôles de Bush et des membres de son entourage sont tenus par une bande d'acteurs impressionnants, choisis pour être assez ressemblants : John Brolin, Richard Dreyfuss, Elisabeth Bank, Thandie Newton, Ellen Burstyn, James Cormwell... Oliver stone a voulu reconstituer fidèlement l'histoire de Bush, sa montée au pouvoir, illustrant chaque étape de sa fulgurante carrière en se basant sur des témoignages et des faits réels et en utilisant principalement les ressorts de la fiction. La figure centrale, qui apparaît dans son film, est celle d'un homme ubuesque qu'on ne voudrait pas avoir pour voisin. Un type porté sur la boisson et la violence. Un authentique voyou texan qui faisait régner la terreur autour de lui et au sein même de sa famille (son père a été déjà président). Qui aurait cru que l'actuel (jusqu'au 20 janvier) président des Etats-Unis ne se plaisait guère dans les bibliothèques ou les amphis universitaires mais plutôt dans le vacarme assourdissant des bars avec abus de vodka et de whisky. Ce fut, à voir le film d'Oliver Stone, la ligne constante de Bush dès l'adolescence jusqu'à l'âge mûr. Dans ce cas, qui a été derrière son accession au pouvoir ? Voici en fait un personnage qui, en toute logique, méritait d'être enfermé derrière les barreaux d'une prison mais qui parvient à se faire élire président. Cynique à souhait, le système électoral américain préfère avant tout les candidats qui ont beaucoup d'argent. Peut-être les choses ont changé depuis, avec l'arrivée d'Obama à Washington. Mais si l'on en croit Oliver Stone, le candidat le plus stupide pouvait le faire s'il a, comme Bush, le soutien de la très puissante mafia pétrolière du Texas. Bush était mauvais en tout, un nullard absolu, mais il a été élu deux fois ! L'élu des Texans était illico l'élu de l'Amérique. Une bien triste histoire américaine passée au crible par Oliver Stone. Et ce « Bush-la-gaffe » une fois installé au bureau oval, comme on le voit encore dans le film, montre son incapacité à exercer ses fonctions. Il y a par exemple ces scènes particulièrement cruelles où Bush s'illustre pitoyablement au cours des conférences de presse. Des fêlures intellectuelles et psychologiques très profondes apparaissent chez cet homme supposé être le plus puissant du monde. Oliver Stone évoque à ce sujet les dossiers irakien, afghan, iranien. Le cinéaste cogne aussi très fort sur tout l'entourage de Bush : Cheney, Rice, Rumsfield, Powell et d'autres en uniforme dont le bas niveau intellectuel et moral n'a pas épargné la planète entière.